Au cours des dernières semaines, les questions de non-prolifération ont considérablement évoluées. Les États-Unis s’orientent désormais vers des solutions négociées avec l’Iran, la Libye et éventuellement la Corée du Nord. Il est difficile de savoir si ce revirement est dû au succès des États-Unis en Irak, qui pousserait l’Iran et la Libye à négocier, ou au contraire à leur échec, qui pousse Washington à négocier. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui les États-Unis discutent avec des régimes qu’ils voulaient auparavant renverser.
La Corée du Nord a offert de cesser son programme nucléaire en échange de concessions politiques et économiques des États-Unis. La Libye a abandonné ses programmes nucléaires, chimiques et biologiques et limité ses missiles à une portée de 300 kilomètres. Les États-Unis ont payé cher leur intervention en Irak et préfèrent aujourd’hui négocier comme l’ont fait les Français, les Allemands et les Britanniques avec l’Iran.
Les conservateurs affirment que la Libye et l’Iran coopèrent par crainte de subir le même sort que celui de Saddam Hussein, mais si cette interprétation est possible, elle n’est pas prouvée. Au contraire, avec leurs troupes déployées en Afghanistan et en Irak, les États-Unis ne sont pas en mesure de lancer aujourd’hui une attaque contre ces pays et la communauté internationale ne les soutiendrait pas. Il est évident que pour l’Iran, la Libye et la Corée du Nord, c’est l’argent qui compte et c’est par ce biais que l’Union européenne a obtenu un accord avec Téhéran. De même, la Libye a négocié l’abandon de son programme d’armement en échange d’une levée des sanctions économiques.
La coopération entre l’Europe et les États-Unis a enfin trouvé la bonne formule en combinant la menace militaire états-unienne avec la diplomatie européenne. Cette formule renforce Colin Powell dans l’administration Bush. En réglant ces dangers nucléaires, nous pourrons nous pencher sur d’autres questions : le sort des armes nucléaires russes qu’Al Qaïda pourrait vouloir acheter ou vendre.

Source
The Age (Australie)

« Defusing the nuclear threat », par Joseph Cirincione, The Age, 14 janvier 2004.