Kofi Annan et Lakhdar Brahimi ont confirmé ce que les réalistes savaient déjà : il n’est pas possible pour des questions de logistique et de sécurité d’organiser des élections en Irak avant le 30 juin 2004, date du transfert de la souveraineté. Maintenant que l’ONU a tranché, l’ayatollah Sistani, qui avait insisté sur des élections directes avant le transfert de souveraineté, est à nouveau un acteur central.
Le problème est que la date du 30 juin a été choisie en fonction des élections aux États-Unis, pas des impératifs irakiens. Sistani rejette également le vote par caucus et il est vrai qu’il vaut mieux un système simple pour les premières élections. Sistani souhaite que le prochain gouvernement soit le fruit de cette élection ; les États-Unis veulent transférer le pouvoir le 30 juin ; on peut donc imaginer une troisième voie en transférant la souveraineté à une commission spéciale dont la première fonction sera de s’assurer que des élections auront lieu le plus vite possible. Elle sera créée par une résolution de l’ONU et elle ne pourra pas changer les législations de façon massive, laissant cela au prochain gouvernement élu. Les membres du Conseil de gouvernement irakien garderont leurs attributions pour gérer les affaires courantes.
Cette option ne rendra pas tout le monde heureux, mais elle satisfait les intérêts de base de chacun. Toute autre solution serait trop déstabilisante.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« A Third Way for Iraq », par Noah Feldman, New York Times, 20 février 2004.