Faisant face à une perte d’influence en Amérique latine du fait d’un virage à gauche de cette région, les États-Unis font pression sur les États européens pour qu’ils leurs donnent des moyens de pression politique. Le premier test pour cette stratégie viendra la semaine prochaine quand les pays européens se rencontreront pour définir une approche unie dans leurs relations avec Cuba.
Ceux qui ont observé le système social cubain ne peuvent qu’être frappés par la différence entre l’enthousiasme que montre l’Union européenne pour le slogan « faire de la pauvreté de l’histoire ancienne » et le silence désapprobateur qui accompagne la mise en application de ce principe. Cela a été vérifié à Cuba, au Venezuela, en Bolivie et même en Argentine.
Cuba est le seul pays d’Amérique latine qui ne reçoit pas d’aide des institutions financières internationales ni de fonds européens. Et pourtant, le progrès social y est constant. L’Organisation mondiale de la santé assure que Cuba est le seul pays latino-américain à ne pas souffrir de malnutrition. Le ratio médecin/patient y est de 1/170 contre 1/188 aux États-Unis. De plus, Cuba a un niveau d’alphabétisation supérieur et un taux de mortalité infantile inférieur à celui de Washington. Cuba participa à 68 missions humanitaires en 2005.
Pourtant, beaucoup de gouvernements refusent de reconnaître ces réussites et se focalisent sur les droits de l’homme. Amnesty international assure qu’il y a 72 prisonniers de conscience à Cuba, le gouvernement cubain répond qu’ils sont détenus uniquement en raison des liens qu’ils ont avec un pays ennemi. On pourrait noter que la Coalition détient 40 000 personnes sans charges dans ses prisons.
Il faut développer nos relations avec Cuba et autonomiser notre position de celle des États-Unis sur ce dossier. Ce ne sera pas facile car il y aura des pressions de la Pologne et de la République tchèque pour que nous nous associons à Washington.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Resist this US backlash », par Ian Gibson, The Guardian, 6 juin 2006.