L’administration Bush occulte et ignore délibérément elle-même des analyses tactiques iconoclastes (basée sur la théorie des jeux) émanant du Pentagone, qui suggèrent qu’une attaque contre les installations nucléaires ou militaires de l’Iran conduira directement à l’anéantissement de la Cinquième Flotte de l’US Navy, au mouillage actuellement dans le Golfe Persique. Le lieutenant général Paul Van Riper a ainsi simulé le rôle du chef d’un État hypothétique du Golfe Persique, dans un scénario développé dans le cadre du jeu stratégique 2002 Millenium Challenge, et [la partie] s’est terminée par la destruction totale de la Cinquième Flotte [1]. Son expérimentation et ses conclusions au sujet de la vulnérabilité de cette flotte à un conflit armée asymétrique et des conséquences d’une guerre éventuelle contre l’Iran ont été ignorées. Les néoconservateurs de l’administration Bush sont en train de faire une promotion agressive d’opérations armées contre l’Iran, qui culmineront dans l’attaque, par ce pays, de la Cinquième Flotte de l’US Navy au moyen de missiles de croisière air-mer sophistiqués. Ils ignorent délibérément les expériences développées par Van Riper au cours de la simulation Millennium Challenge, et ses similitudes dangereusement suggestives avec le contentieux nucléaire actuel avec l’Iran.

L’Iran dispose d’une quantité de missiles de croisières amplement suffisante pour détruire en grande partie, voire totalement, la Cinquième Flotte, qui se trouve à portée des lanceurs de missiles mobiles iraniens, stratégiquement installés tout au long de sa chaîne montagneuse qui domine les côtes du Golfe Persique. L’administration Bush minimise délibérément la vulnérabilité de la Cinquième Flotte à la technologie avancée de l’Iran en matière de missiles, lesquels ont été achetés à la Russie et à la Chine à la fin des années 1990. Les plus sophistiqués de ces missiles iraniens sont les « Sunburn » (coup de soleil) et les « Yakhonts ». Ce sont des missiles contre lesquels les vaisseaux de guerre états-uniens n’ont pas de parade efficace, avertissent tous les experts militaires. En provoquant délibérément des représailles iraniennes contre une intervention armée US, les néoconservateurs s’apprêtent à sacrifier en toute connaissance de cause une grande partie, voire la totalité, de la Cinquième Flotte. Cela risque d’aboutir à un nouveau Pearl Harbor, qui créerait l’environnement politique idoine en vue d’une guerre totale contre l’Iran et d’actions armées s’étendant à l’ensemble de la région du Golfe persique.

La vulnérabilité de la Cinquième Flotte à l’arsenal des missiles air-mer iraniens

La Cinquième Flotte de l’US Navy a son QG dans l’état de Bahreïn, dans le Golfe. Ce QG est responsable de la surveillance par patrouilles du Golfe Persique, de la Mer d’Arabie, du Canal de Suez, ainsi que de certaines parties de l’Océan Indien. Actuellement, cette flotte comporte une flottille de porte-avions et deux porte-hélicos. Sa taille a atteint un maximum de cinq porte-avions et de six porte-hélicos durant l’invasion de l’Irak. L’escadre est dirigée par l’USS Enterprise (CVN-65), le premier porte-avion à propulsion nucléaire construit en 1961, lequel participait, le 2 de ce mois (novembre 2007), à un exercice naval dans le Golfe Persique.

La base de la Cinquième, au Bahreïn, n’est qu’à 150 miles marins de la côte iranienne, et elle serait elle-même à portée d’une nouvelle génération de missiles air-mer iraniens. Par ailleurs, n’importe quel bâtiment de la Navy, dans le terrain d’opération confiné du Golfe Persique, aurait des difficultés à manœuvrer et se trouverait à faible distance de la côte rocheuse et en dents de scie de l’Iran, tout au long du Golfe Persique, jusqu’à la Mer d’Arabie.

L’Iran a commencé à acheter de la technologie militaire à la Russie peu après que celle-ci se soit rétractée, en 2000, du Gore-Chernomyrdin Protocol (Protocole Gore-Chernomyrdin), lequel limitait les ventes d’équipement militaire par la Russie à l’Iran. À la suite de quoi, la Russie se mit à vendre à l’Iran de la technologie militaire susceptible d’être utilisée dans n’importe quel conflit avec les États-Unis, notamment des systèmes de défense anti-aérienne et des missiles sol-mer, équipements dans lesquels la Russie s’était spécialisée précisément afin de contrebalancer l’écrasante supériorité maritime des États-Unis.

Le missile SS-N-22, dit « Sunburn », atteint la vitesse de mach 2,5, soit 1 500 miles/heure. Il utilise la technologie furtive et sa portée atteint les 130 miles. Il véhicule une tête explosive conventionnelle de 750 livres, capable de détruire la plupart des bâtiments de guerre. Plus préoccupant encore est le SSN-X-26 de fabrication russe, dit « Yakhont ». C’est un missile de croisière d’une portée de 185 miles, qui rend tous les bâtiments de l’US Navy présents dans le Golfe Persique vulnérables. Plus grave : les Yakhonts ont été mis au point spécifiquement pour être utilisés contre des porte-avions, et ils ont été vendus par la Russie sur les marchés internationaux des armements.

Tant les missiles Yakhont que les missiles Sunburn sont conçus pour esquiver les radars de surveillance Aegis, actuellement utilisés sur les bâtiments de l’US Navy, grâce à leur technologie furtive et à leurs manœuvres en vol à très basse altitude, qui épousent les aspérités du terrain. Dans leur approche terminale, ces missiles adoptent des trajectoires d’esquive qui leur permettent d’échapper aux tirs anti-missiles terre-mer. Si importante est la menace représentée par les Sunburn, les Yakhonts et d’autres missiles mis au point par la Russie et vendus par elle à la Chine, à l’Iran et à d’autres pays, que le service de testage des armes du Pentagone a pris la décision, cette année, de cesser la production de tous les nouveaux types de porte-avions tant qu’une défense anti-missile efficace n’aurait pas été mise au point.

Les jeux de stratégie Millenium Challenge

Le “Millennium Challenge” fut le jeu de guerre le plus important jamais effectué jusqu’ici. Cet exercice a impliqué 13 500 soldats, répartis dans plus de 17 régions du globe. Les jeux stratégiques impliquent un usage intensif des simulations informatiques, s’étendant sur une période de trois semaines, pour un coût de 250 millions de dollars. Millennium Challenge mettait en jeu une guerre asymétrique entre les forces armées américaines, sous le commandement du Général William Kernan, et un pays non spécifié du Golfe Persique. D’après le Général Kernan, ces jeux stratégiques « devaient servir à tester une série de nouveaux concepts opérationnels récemment mis au point par le Pentagone ». En ayant eu recours à un ensemble d’attaques asymétriques, à des stratégies utilisant des navires civils maquillés afin de lancer des offensives, des avions pour des attaques kamikazes, et des missiles de croisière Silkworm, c’est la quasi-totalité de la Cinquième Flotte qui s’est retrouvée par le fond. Les simulations ont révélé à quel point des stratégies asymétriques étaient susceptibles de tirer profit de la vulnérabilité de la Cinquième Flotte face à des missiles de croisière terre-mer, en particulier dans les eaux confinées du Golfe Persique.

Prenant une décision éminemment discutable, le Pentagone choisit, tout simplement, de « remettre à flot » la Cinquième Flotte afin de poursuivre l’exercice, qui aboutit, au final, à la défaite du pays du Golfe Persique fictif choisi. L’envoi par le fond de la Cinquième Flotte fut un épisode malheureux vite oublié, et l’exercice fut déclaré un succès pour les « nouveaux concepts de conduite de la guerre » adoptés par le Général Kernan. Cela amena le lieutenant général Paul Van Riper, commandant de l’État du Golfe mythique, à qualifier les résultats officiels de cet exercice de « slogans creux ». Au cours d’une interview télévisée réalisée peu après, le général Riper a déclaré : « les concepts en cours de test par le commandement ne s’étant pas révélé à la hauteur, le commandement s’est mis à réécrire le scénario de l’exerce à sa façon, afin de démontrer la validité de leurs concepts hypothétiques du départ. C’est là-dessus que porte essentiellement ma plainte. »

Plus graves furent les affirmations du général Riper, au sujet de l’efficience de la technologie de missiles de croisière réformés, les missiles Silkworm, qui avaient été utilisés pour couler un porte-avions et deux porte-hélicos bondés de Marines, sur le total des seize bâtiments envoyés au fond. Alors qu’on lui demandait de confirmer les allégations de Riper, le général Kernar répondit : « Oh, vous savez… j’sais pas. Pour être franc avec vous, j’ai pas eu l’opportunité d’évaluer ce qui s’est passé. Mais c’est une possibilité… Quant aux spécificités de ce type particulier de missile de croisière… j’peux vraiment pas répondre à cette question. Nous devrons revenir vers vous ultérieurement ».

Les jeux stratégiques Millennium Challenge ont clairement démontré la vulnérabilité de la Vème Flotte aux attaques par missiles Silkworm. Il s’agissait d’une remise en scène de l’expérience vécue par les Britanniques durant la guerre des Falklands [contre l’Argentine, ndt], en 1980, durant laquelle deux bateaux de guerre britanniques avaient été coulés par trois missiles Exocet. Tant les missiles de croisière Exocet que les missiles de croisière Silkworm étaient une génération obsolète de technologie de missile antinavires, qui avaient été surpassés par les missiles Sunburn et Yahkonts. Si le Millennium Challenge a bien été paramétré pour correspondre à une répétition en vue d’une guerre asymétrique avec l’Iran, c’est la quasi-totalité de la Cinquième Flotte qui serait détruite. Pas étonnant, dès lors, que Millennium Challenge ait été en fin de compte modifié de façon à ce que ce fait gênant soit occulté. Jusqu’à ce jour, l’opinion publique a très peu conscience de la vulnérabilité de la Cinquième Flotte stationnée dans le Golfe Persique. Il semble que l’administration Bush ait assigné aux jeux stratégiques une issue faussée, de nature à faire avancer son agenda néoconservateur au Moyen-Orient.

La stratégie néoconservatrice d’attaque de l’Iran

Les néocons ont en commun une philosophie politique qui veut que la domination des États-Unis sur le système international, en leur qualité d’unique superpuissance, doit être prolongée au vingt-et-unième siècle et ce, jusqu’à une date indéterminée. Au début 2006, les néocons travaillant dans l’administration Bush ont commencé à faire une promotion vigoureuse d’une nouvelle guerre contre l’Iran, en raison de la menace alléguée censée qu’est censé représenter le programme nucléaire de ce pays. L’Iran a constamment répété que son développement nucléaire est parfaitement légal et qu’il respecte le traité sur la non-prolifération nucléaire (Nonproliferation Treaty – NPT). Depuis 2004, l’administration Bush cite des données provenant de ses services de renseignement selon lesquelles l’Iran serait en train de mettre au point des armes atomiques, et qu’il ne faut en aucun cas laisser ce pays y accéder.

Le plus gros du développement nucléaire de l’Iran aurait été mené à bien dans des usines souterraines construites à une profondeur de 70 pieds, avec des dalles de béton armé qui les protègent contre toute attaque par les armes conventionnelles connues. Cela a amené l’administration Bush à prétendre, au début 2006, que des armes nucléaires tactiques devraient être utilisées afin d’éliminer les installations nucléaires iraniennes [2]. Cela occasionna une controverse enflammée entre des néoconservateurs de premier rang comme Dick Cheney et Donald Rumsfeld, et les chefs des états-majors réunis, qui restèrent catégoriquement opposés à cette éventualité. Le journaliste d’investigation Seymour Hersh a écrit, en mai 2006, au sujet de cette opposition de ces chefs des états-majors réunis.

Des efforts subséquents des néoconservateurs, visant à justifier une attaque militaire multinationale, ont été sérieusement obérés par un scepticisme très largement répandu dans l’opinion publique quand à la menace représentée par le programme nucléaire iranien, ainsi que par le respect, par l’Iran, du traité de non-prolifération, réaffirmé par Mohamed El-Baradei, chef de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique. Celui-ci cite des évaluations militaires états-uniennes selon lesquelles l’Iran ne sera pas en mesure de produire du combustible nucléaire suffisamment pur pour pouvoir être utilisé dans des bombes nucléaires avant quelques années. L’administration Bush, frustrée de cette double opposition à ses plans, à la fois au sein même de sa bureaucratie, dans ses forces armés et dans la communauté internationale, a adopté une stratégie en trois paliers, visant à mettre l’Iran « hors-jeu ».

Le premier palier consiste à susciter des perceptions, dans l’opinion publique, d’une crise sécuritaire internationale, en mettant en garde contre une Troisième Guerre mondiale, au cas où on ne parviendrait pas à mettre un terme au programme nucléaire de l’Iran. Lors d’une conférence de presse, le 17 octobre 2007, le président Bush a déclaré : « Si vous voulez éviter une Troisième Guerre mondiale, sans doute devriez-vous être intéressés à les empêcher [les = les Iraniens] de posséder la technologie nécessaire pour fabriquer la bombe atomique ? » Cette rhétorique stupéfiante de Bush fut suivie, peu après, par le vice-président Cheney, qui, le 23 octobre, avertissait que les États-Unis et leurs alliés étaient « prêts à imposer de sérieuses conséquences » à l’Iran.

La seconde stratégie a consisté en un glissement, l’accent étant moins mis sur la nécessité de priver l’Iran de ses installations nucléaires, et plus sur le soutien de ce pays au terrorisme. Étant donné l’opposition, militaire et politique, très large, contre des attaques contre les installations nucléaires iraniennes, l’administration Bush présente désormais l’Iran comme un soutien du terrorisme en Irak.

Ce changement dans la stratégie a été puissamment corroboré par un passage de Kyle-Lieberman Amendment (l’amendement Kyle-Lieberman), au Sénat US, le 26 septembre 2007, qui a désigné « le corps des Gardes de la Révolution Iraniens comme une organisation terroriste étrangère ». Cela allait permettre à l’administration Bush d’autoriser des frappes contre les casernes des Gardiens de la Révolution iraniens à l’intérieur du territoire iranien, au motif qu’ils soutiendraient les groupes terroristes irakiens qui prennent pour cible les forces US.

La troisième stratégie —la plus dangereuse— à laquelle l’administration Bush a recours, consiste à diligenter une mission occulte qui créerait l’environnement politique nécessaire pour une guerre contre l’Iran. Cela a été mis en évidence lors de l’incident inadmissible du B-52 « Bent Spear », où on a découvert cinq missiles à tête nucléaire en train d’être acheminées vers le Moyen-Orient, dans le cadre d’un sale coup en sous-main des services secrets [3].

Les têtes nucléaires avaient des charges variant de 5 à 150 kilotonnes, et elles auraient idéalement pu servir à détruire les usines nucléaires souterraines de l’Iran, ou à une opération de diversion qui aurait été attribuée à l’Iran. Toutefois, les personnels de l’US Airforce ont refusé d’obéir à des ordres « illégaux » venant très vraisemblablement de la Maison-Blanche, évitant ainsi ce qui aurait fort bien pu entraîner l’explosion d’une ou de plusieurs bombe(s) nucléaire(s) dans la région du Golfe Persique.

Les conséquences d’une attaque contre l’Iran

Voulant intimider l’Iran, l’administration Bush a fait évoluer en permanence deux formations de porte-avions dans le Golfe Persique. L’ampleur et le timing d’éventuelles attaques contre les installations nucléaires ou/et militaires de l’Iran détermineraient la rapidité et l’ampleur d’une riposte iranienne. La riposte iranienne aura vraisemblablement pour conséquence une escalade militaire culminant dans le recours, par l’Iran, à ses missiles de croisières antinavires contre la Cinquième Flotte des États-Unis, et la fermeture du Détroit d’Hormuz à toute navigation. La capacité de l’Iran, de cacher et de lancer des missiles de croisière à partir de ses positions dans les montagnes, tout au long du Golfe Persique, rendra vulnérables les bâtiments de la Cinquième Flotte qui y évoluent. Celle-ci serait prise au piège, et incapable de partir vers des mers plus sures. Les jeux de guerre du Millennium Challenge, en 2002, ont assisté au coulage de la quasi-totalité de cette flotte. Si une attaque contre l’Iran devait intervenir avant la fin de cette année (2007), elle entraînerait la destruction de l’USS Enterprise et la mort des 5 000 hommes qui servent ce navire. Quant aux pertes ultérieures en termes de croiseurs de soutien et d’autres forces navales appartenant à la Cinquième Flotte dans le Golfe Persique, elles seraient catastrophiques. Une attaque par missiles de croisières iraniens rééditerait les pertes enregistrées à Pearl Harbor, où l’envoi par le fond de cinq bâtiments, la destruction de 188 avions et la mort de 2 333 soldats américains entraîna très rapidement la déclaration d’une guerre totale contre le Japon par le Congrès des Etats-Unis.

La déclaration d’une guerre totale contre l’Iran par le Congrès US entraînerait une campagne de bombardements intensifs et une éventuelle invasion armée, afin d’entraîner un changement de régime politique en Iran. La mobilisation serait décrétée aux États-Unis, afin d’obtenir les personnels nécessaires en vue d’une invasion de l’Iran, et de soutenir les troupes US en Irak et en Afghanistan, qui seraient immédiatement en butte à une pression accrue.

Les tensions connaîtraient rapidement une escalade avec les autres puissances majeures, comme la Russie et la Chine, qui ont fourni à l’Iran des systèmes d’armes sophistiquées susceptibles d’être utilisées contre les avant-postes militaires américains. La fermeture du Détroit d’Hormuz à toute navigation et l’état de guerre maximal aux États-Unis entraîneraient un effondrement de l’économie mondiale et un surcroît d’érosion des libertés civiles dans des États-Unis engagés dans une guerre désormais totale.

Conclusions

Le scénario que nous venons de décrire est hautement plausible, étant donné les capacités militaires de l’Iran, en matière de missiles de croisière antinavires, et la vulnérabilité de l’US Navy face à ces missiles, au cas où elle passerait à l’action dans le Golfe Persique. L’administration Bush a caché à l’opinion publique états-unienne la gravité de la vulnérabilité de la Cinquième Flotte, ainsi que la manière dont elle risquerait d’être prise au piège et détruite, dans le cas d’un conflit de grande ampleur avec l’Iran. Cela est particulièrement bien mis en évidence par la décision controversée de minimiser les résultats réels des jeux stratégiques de simulation Millennium Wargames, et par les opinions contraires exprimées par le lieutenant général Van Riper sur les leçons à en retirer. Cela a culminé dans la signature, par le général Van Riper, d’une pétition de généraux US à la retraite appelant à la démission de Donald Rumsfeld.

Les néoconservateurs de l’administration Bush ont parfaitement conscience de la vulnérabilité de la Cinquième Flotte, et pourtant ils ont à plusieurs reprises essayé d’affecter jusqu’à trois flottilles de porte-avions dans le Golfe Persique, qui ne feraient qu’augmenter les pertes états-uniennes en cas de guerre contre l’Iran, quel qu’en soit le type. Pourtant, l’administration Bush a continué à avancer dans ses projets d’attaque nucléaire, conventionnelle ou/et subreptice contre l’Iran, qui ne ferait que précipiter l’essentiel du scénario épouvantable décrit plus haut.

Une conclusion raisonnable à tirer de cela, c’est que les néoconservateurs de l’administration Bush sont prêts à sacrifier le plus gros —voire la totalité— de la Cinquième Flotte US en provoquant militairement l’Iran à tirer son arsenal de missiles antinavires, afin de justifier une « guerre totale » contre l’Iran, et d’imposer un changement de régime à ce pays. On peut éviter ce nouveau Pearl Harbor en plaçant les officiels de l’administration Bush prêts à sacrifier la Cinquième Flotte sur l’autel de leur agenda néoconservateur devant l’ampleur de leurs responsabilités.

Traduction
Marcel Charbonnier

[1« La grande simulation de la guerre en Irak. Apocalypse Tomorrow », Réseau Voltaire, 26 septembre 2002.

[2« L’Iran doit se tenir prêt à contrer une attaque nucléaire », par Général Leonid Ivashov, Réseau Voltaire, 16 février 2007.