De plus en plus d’Israéliens s’inquiètent de l’impact négatif de la poursuite de la politique coloniale d’Ariel Sharon pour la démocratie israélienne. Autrefois cantonnée dans les partis de gauche israélien, cette opinion est désormais émise dans toutes les couches de la société. Le quotidien Ha’aretz leur ouvre ses colonnes sur ce thème.
L’historien militant, Ze’ev Strernhell fait part de son indignation face aux manipulations du gouvernement Sharon et de ses relais dans l’appareil judiciaire pour empêcher la procureure chargée de l’enquête sur le bombardement du camp palestinien de Nusseirat de témoigner devant la Knesset. Estimant que la démocratie ne peut fonctionner que si les citoyens sont informés, il s’interroge sur ce que veulent cacher les autorités et se demande si les Palestiniens tués dans ce camps de réfugié le 19 octobre ne l’ont pas été lors d’un test de nouvelles armes de l’aviation israélienne.
Avraham Shalom, ancien dirigeant du Shin Bet, le service de contre-espionnage israélien, s’inquiète quant à lui de l’impact de la « barrière de sécurité » installée autour de la Cisjordanie. Loin de décourager les attaques terroristes, ce mur va développer la corruption dans l’armée aux points de passage et entraîner une fracture dans la société israélienne. Il faut donc renoncer à sa construction et accorder aux Palestiniens la constitution d’un État en revenant aux frontières de 1967. Avraham Shalom se fait ici le porte-parole des quatre anciens dirigeants du Shin Bet qui se sont prononcés contre la politique d’Ariel Sharon dans la presse israélienne au début du mois.

L’opposant et journaliste saoudien, Mansour al-Nogaïdan, interdit de publication dans son pays pour avoir mis en cause l’influence intellectuelle du clergé wahhabite saoudien sur les pirates de l’air supposés avoir commis les attentats du 11 septembre, condamne l’intégrisme dans son pays dans le New York Times. Dénonçant l’extrémisme dans le clergé et l’enseignement et la complicité passive du pouvoir, il affirme que Riyad mettra longtemps avant de faire disparaître ce courant dans sa population. Il place ses espoirs dans la nouvelle génération de la famille royale saoudienne.

Omer Taspinar, chercheur à la Brookings Institution pronostique dans le Washington Times un rapprochement entre Ankara et Washington suite aux attentats d’Istanbul. Regroupant, sans preuves, les attentats en Irak, en Indonésie, au Maroc et en Turquie, il affirme que ses attaques visent directement ou indirectement les États-Unis et que la Turquie ne doit pas se laisser intimider, ne pas écouter les voix qui, dans sa population, préconisent plus d’indépendance vis-à-vis de Washington et doit frapper « le » terrorisme.

Ivo Daalder et Michael A. Levi s’inquiètent dans le Los Angeles Times des conséquences de l’affaire du nucléaire iranien sur les relations entre les États-Unis et l’Europe. Réalisant qu’il ne sera pas possible pour Washington de faire accepter aux Européens une politique agressive vis-à-vis de Téhéran alors que ces derniers sont parvenus à un accord, ils préconisent de changer de tactique et d’obtenir une déclaration fixant un ultimatum et des contraintes sévères à l’Iran sous peines de sanctions, sur le modèle de ce que prévoyait la résolution 1441 contre l’Irak.