La Commission d’enquête indépendante de Lord Hutton a publié mercredi après-midi son rapport sur les circonstances de la mort de David Kelly. Utilisant de vieilles ficelles pour dédouaner le pouvoir, Lord Hutton se lamente sur l’honneur d’un homme livré à des chiens de journalistes. Le président du Parti libéral, Charles Kennedy, avait anticipé cette mascarade. Dans une tribune publiée par The Independent, il notait que la commission n’avait pas compétence pour répondre aux questions politiques posées par les assertions erronées du Premier ministre en matière d’armes de destruction massive. Et il annonçait que son parti continuerait à exiger des réponses de Tony Blair au-delà du rapport Hutton.

Timothy Garton Ash, de la Hoover Institution, assure que la guerre globale au terrorisme est finie. Il n’y aura plus d’autres opérations militaires après l’Afghanistan et l’Irak dans la foulée du 11 septembre. Désormais, indique-t-il dans The Age, la lutte contre le terrorisme se poursuivra par des moyens pacifiques, ceux de la Fondation nationale pour la démocratie (NED). Finis le sang et les larmes, voici venu le moment de la liberté. Mais à la réflexion, ce point de vue apparemment novateur n’est qu’un habillage de vieux projets. Initialement la guerre globale au terrorisme devait renverser des régimes sans inclure l’invasion de l’Irak, quant aux moyens pacifiques de la NED pour atteindre les mêmes fins, ce sont en définitive les méthodes classiques du coup d’État.
Frank J. Gaffney Jr, le coordinateur des faucons, tente de mobiliser les lecteurs du Washington Times pour qu’ils participent eux aussi, à leur échelle, à la lutte pacifique contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Ils devraient pour cela refuser d’investir dans des sociétés commerçant avec les pays de « l’Axe du Mal ».

Claudia Rosett, de la Fondation pour la défense des démocraties, reconnaît bien volontiers dans le Wall Street Journal que Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive. Mais cela n’avait au fond aucune importance car ce ne sont pas ces armes qui sont dangereuses, mais certains régimes qui les détiennent ou non. Ainsi, l’URSS était dangereuse parce qu’elle était communiste, même si elle n’a pas utilisé ses armes de destruction massive. Il était donc légitime de renverser Saddam Hussein, qui n’avait pas d’armes, mais des valeurs dangereuses.
Le problème objectera-t-on est de savoir si renverser Saddam Hussein en tuant des milliers d’innocentes victimes collatérales n’est pas une valeur dangereuse.
Plus sincère, l’amiral Stansfield Turner, qui tenta vainement de nettoyer la CIA lorsqu’il en fut nommé directeur par Jimmy Carter, s’interroge sur la contre-productivité de l’administration Bush dans la lutte contre la prolifération nucléaire. Il observe que les États-Unis n’ont aucune crédibilité quand, s’adressant à des États mal équipés en matériel militaire conventionnel, ils leur demandent de renoncer en plus à la bombe atomique. D’autant que ces mêmes États-Unis disposent de 6 à 7 000 têtes nucléaires quand toutes les autres grandes puissances réunies n’en ont pas 1 500.

Enfin, Uri Avnery analyse dans l’International Herald Tribune ce que sont l’antisémitisme et l’antisionisme. Il note que l’antisémitisme est une forme de racisme qui rejette l’autre quoi qu’il fasse, tandis que l’antisionisme est une critique de la politique conduite par l’État d’Israël. À parti de quoi, il observe que loin d’être jumelles, ces deux attitudes peuvent être antagonistes : on peut être antisioniste sans être antisémite, mais on peut aussi être antisémite et sioniste.