S’éloignant toujours plus de son ancienne ligne éditoriale de centre-gauche, le quotidien parisien Le Monde a décidé de publier la version française d’une tribune de Francis Fukuyama, initialement parue dans le Wall Street Journal. Le philosophe de référence du lobby militaro-industriel états-unien dénonce l’influence antisémite et antisioniste de la minorité musulmane en Europe. Il se félicite de l’arrivée de Jean-Marie Le Pen face à Jacques Chirac au second tour de l’élection présidentielle française et du réveil que cela a provoqué dans l’opinion publique. Enfin, il applaudit son héros, le « pugnace » Nicolas Sarkozy, qui combat le port du voile islamique et la délinquance des immigrés. Il y a deux ans, Le Monde avait déjà offert gratuitement deux pages entières à Francis Fukuyama et à son Institut des valeurs américaines pour publier leur manifeste du clash des civilisations, alors que Le Figaro en avait refusé la publication payante au tarif publicitaire. Cette affaire avait soulevé une vive polémique au sein de la rédaction. La tribune d’aujourd’hui devrait être moins critiquée dans la mesure où la reprise en main du quotidien est achevée. Elle explicite la nouvelle ligne éditoriale du Monde : atlantiste et sarkozienne.

Le Premier ministre espagnol, José-Maria Aznar, se félicite dans le Washington Times des excellentes relations entre son pays et les États-Unis. Affirmant sa croyance que l’Espagne a été brutalement attaquée le 11 septembre, comme le monde entier, il justifie son alliance avec l’administration Bush et leur action commune en Europe et en Amérique latine. Une rhétorique bien éloignée de la réalité, mais dont les conséquences sont bien réelles. On se souvient, par exemple, de la participation espagnole à la tentative états-unienne de renversement du président Chavez au Venezuela, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Amir Taheri mène campagne pour le cabinet de relations publique Benador Associates afin de justifier un renversement de régime en Iran. Aussi explique-t-il aux lecteurs de Gulf News que l’invalidation de candidats aux élections législatives est sans importance, dans la mesure où tous les partis se réclament du khomeinisme. Au passage, il condamne cette idéologie en vertu de l’incompatibilité de l’islam et de la démocratie. En effet, observe-t-il, cette religion voit en Dieu l’unique source de légitimité. Mais il ne poursuit pas plus loin l’analyse et ne relève pas que les religions des pays démocratiques partagent la même conception de la légitimité.
Daniel Pipes dénonce dans le Jerusalem Post la faiblesse du gouvernement Sharon qui a accepté de libérer 429 Palestiniens pour récupérer un de ses ressortissants. Cependant, il ne prend pas en compte les motifs de détention des personnes libérées, ni les raisons pour lesquelles Israël voulait à tout prix récupérer et emprisonner l’otage du Hezbollah.

Le docteur Brian Jones, qui travailla comme expert aux côtés du défunt David Kelly, souligne dans The Independent que l’enquête administrative ordonnée par Tony Blair sur les erreurs des services de renseignement à propos de l’Irak n’a guère de sens. En effet, les services britanniques n’ont jamais produit de document affirmant l’existence de ces armes et n’ont donc pas commis d’erreur. Les distorsions proviennent uniquement des collaborateurs politiques du Premier ministre, principalement de son ex-conseiller Alastair Campbell.
Dans le même registre réaliste, l’ancien diplomate états-unien E. Wayne Merry remarque dans l’International Herald Tribune que les tensions transatlantiques auraient existé même sans l’affaire irakienne. Selon lui, elles sont la conséquence de la continuation de l’OTAN malgré la disparition de sa raison d’être.

George S. McGovern, qui incarne dans les manuels d’histoire l’échec électoral du gauchisme, se rappelle au bon souvenir de ses amis démocrates. Il note dans le Washington Post que sa campagne contre Nixon, en 1972, n’avait rien à voir avec l’image que la propagande républicaine en a donnée. S’il a perdu, c’était parce qu’il n’avait aucune chance de gagner à l’époque quels qu’aient été ses thèmes de campagne. Il s’était alors honorablement battu contre la guerre du Vietnam, qui avait été conduite par des responsables politiques n’ayant jamais été sur un champ de bataille. Et aujourd’hui, il conviendrait de se battre aussi honorablement contre ceux qui ont déclaré la guerre contre l’Irak.

Enfin, le député européen Maurizio Turco déplore dans Clarin la perversité de la politique agricole européenne découlant, selon lui, des structures mêmes de l’Union européenne actuelle. C’est pourquoi l’accord de libre-échange entre le MERCOSUR et la Communauté andine, qui répond aux mêmes caractéristiques organisationnelles que la politique agricole européenne, lui paraît dangereux à terme s’il n’est rééquilibré par un accord politique.