Quand les États-Unis ont commencé à bombarder l’Afghanistan, le 7 octobre 2001, l’oppression des femmes afghanes a servi de justification. Laura Bush s’est réjouie de leur libération. Amnesty International a récemment dépeint un tout autre tableau de la situation en affirmant que les violences sexuelles et l’oppression des femmes se poursuivaient. Si les femmes de Kaboul et d’autres villes sont libres d’aller à l’école et d’avoir des emplois, ce n’est pas le cas de la majeure partie de la population féminine.
Dans la province d’Herat, le seigneur de guerre Ismaïl Khan a imposé des décrets proches de ceux des Talibans et, face à cette oppression, de nombreuses jeunes femmes se suicident, plus encore que sous les Talibans. Cela ne va pas mieux dans les territoires contrôlés par l’Alliance du Nord. Sous l’ère des Talibans, les femmes arborant un peu de leur peau étaient flagellées, aujourd’hui elles sont violées. Selon Human Right Watch, beaucoup de femmes continuent de porter la Burka pour se protéger et des parents évitent d’envoyer leurs filles à l’école de peur des agressions sexuelles.
Malgré la rhétorique, le gouvernement Karzaï n’a rien fait pour arrêter cela et le ministère de la femme est de la poudre aux yeux. Les États-Unis ont remplacé un régime fondamentaliste misogyne par un autre. Les premières mesures contre les femmes ont été prises en 1992 par l’Alliance du Nord et aujourd’hui, c’est elle qui détient réellement le pouvoir. Colin Powell avait pourtant déclaré que le droit des femmes n’était pas négociable. Ceux qui affirment que ce traitement des femmes fait partie de la culture afghane oublient que les Afghanes se battent pour leurs droits et prennent des risques pour cela. La Revolutionary Association of Women of Afghanistan (Rawa), qui était interdite sus les Talibans, n’a toujours pas le droit de publier ses revues ou d’ouvrir un bureau à Kaboul. Le féminisme n’a pas besoin d’être importé en Afghanistan, il y existe depuis longtemps. Il a d’ailleurs été instrumentalisé, sans notre accord, après le 11 septembre.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Rule of the rapists », par Mariam Rawi, The Guardian, 12 février 2004.