Six journalistes français pétitionnent dans Libération pour demander que la France se dote d’une loi garantissant le libre accès des citoyens aux documents publics. De tels dispositifs, qui sont indispensables au contrôle démocratique des activités de l’État, existent dans les États scandinaves et aux États-Unis, mais pas dans les pays latins. Il n’est pas innocent que les signataires soient connus pour leur curiosité et peu appréciés de l’establishment médiatique parisien.

Lors de sa conférence de presse, mardi dernier, le président Bush a été obligé d’affirmer longuement qu’il n’avait pas laissé perpétré ces crimes et que le seul coupable était Oussama Ben Laden. Pourtant le trouble continue à se répandre dans l’opinion publique aux Etats-Unis, d’autant que plus on parle du sujet, plus des question surgissent. Aussi, Juliette Kayyem et le général Wayne Downing, qui servirent tous deux dans la Commission nationale anti-terroriste de L. Paul Bremer III, en 1999-2000, conseillent dans le New York Times à leurs homologues de la Commission « indépendante » de se taire.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, assure dans le Times de Londres que son pays, à la différence de l’Espagne, ne se retirera pas d’Irak. Il justifie cette décision au nom de la défense de la liberté et de la démocratie, alors même que la Coalition s’oppose à la tenue d’élections libres et doit faire face à une forte résistance populaire. Bien entendu, il plaide pour un partage du fardeau avec des alliés.
Ivoo Daalder et l’ancien conseiller national de sécurité Anthony Lake préconisent dans le Washington Post un report du transfert de souveraineté aux Irakiens, tant il est évident qu’il n’y aura pas d’autorité légitime pour le recevoir à la date prévue. Ils penchent donc pour une occupation militaire prolongée, mais, eux aussi, en impliquant l’OTAN pour que les États-Unis n’aient pas à en supporter seuls le fardeau. Reste que l’on ne voit pas comment Washington convaincra ses alliés de jouer un tel rôle alors qu’ils ont refusé de participer à l’invasion.
Sur place, la situation est désastreuse, mais à Washington, on persiste à nier les évidences. C’est pourquoi Ahmed Chalabi, leader appointé du Congrès national irakien, tente d’expliquer dans le Wall Street Journal les défections et mutineries des forces de police et de l’armée irakiennes. Tout cela ne serait pas le signe d’un soulèvement populaire, mais s’expliquerait par l’insuffisance de la déba’asification. La solution serait évidemment de confier enfin tous les pouvoirs au groupe qu’il a constitué, au fils des ans, avec le soutien d’une faction de la CIA.
Si ce n’est la faute aux partisans du dictateur déchu, c’est celle des révolutionnaires khomeynistes. Michael Ledeen, reprenant à son compte les analyses du gouvernement Sharon, croit voir derrière le soulèvement des chiites irakiens la main de Téhéran. Dans le Wall Street Journal, il avance comme preuve de ce complot les confirmations qu’en ont donné Donald Rumsfeld et le général Abizaid. L’auteur s’appuie également sur un rapport des services italiens. Les connaisseurs se souviendront que le célèbre chroniqueur néo-conservateur joua dans sa jeunesse un rôle crucial en Italie et appartint à la Loge P2. À ce titre, il participa à diverses opérations d’intoxication en lien avec le patron des services secrets italiens. Puis il retourna aux États-Unis où il fut mis en cause non plus pour ses liens avec la CIA, mais avec le Mossad cette fois.

Dennis Ross, du Washington Institute for Near East Policy (WINEP), déplore dans le Los Angeles Times que le plan Sharon ait été décidé unilatéralement, dans la mesure où le procédé le voue d’emblée à un rejet par les Palestiniens. Il craint que ce conflit supplémentaire ne favorise les groupes les plus radicaux, notamment le Hamas. L’auteur, qui a écrit cette tribune avant l’assassinat d’Abdelaziz al-Rantissi par Tsahal, subodore la stratégie du pire du Premier ministre israélien. A posteriori, on voit bien qu’Ariel Sharon entend couper les territoires palestiniens en deux zones distinctes, l’une confiée à l’OLP, l’autre au Hamas, tout en choisissant par élimination physique les dirigeants des deux factions.

Andrew S. Natsios, directeur de l’USAID, prononce un vigoureux hymne à l’aide au développement dans l’International Herald Tribune. Derrière les grandes envolées lyriques, l’enjeu est d’imposer aux États membres de l’OCDE de subordonner leurs actions de coopération avec les pays pauvres aux mêmes critères politiques que le Millenium Challenge Account états-unien, fixés en fonction des intérêts stratégiques post-11 septembre.

Enfin, Nyunt Shwe, ancien dirigeant de la Ligue d’Aung San Suu Kyi, dénonce dans le Japan Times la prétendue feuille de route vers la démocratie birmane. Il ne s’agit, selon lui, que d’un nouveau moyen pour la junte militaire d’ignorer la volonté populaire exprimée lors du scrutin de 1990. Il ne faudrait pas que les 79 parlementaires assassinés par les militaires soient morts pour rien.