Jacqueline Séjean, secrétaire général du syndicat CFDT du ministère français des Affaires étrangères, dénonce dans Le Monde l’incroyable contorsion de Salomé Zourabichvili. La diplomate, qui a eu accès à des informations hautement confidentielles, est passée au service d’un État étranger, la Géorgie, dont elle est devenue ministre des Affaires étrangères, sans pour autant abandonner clairement son statut dans la fonction publique française. Cette opération a été présentée comme un gage de bonnes relations entre les deux pays, dans d’autres cas, elle aurait été qualifiée de haute trahison.

Le conseiller juridique de George W. Bush, Alberto R. Gonzales, argumente dans l’International Herald Tribune pour justifier les violations des droits des détenus de Guantanamo et d’Irak. Il assure qu’accorder le statut de prisonniers de guerre aux combattants d’Afghanistan et d’Irak serait les encourager au crime, étant entendu que les États-Unis ne se sentent pas contraints de le faire puisqu’ils ne ressortent pas d’armées régulières. La ficelle est classique : toutes les armées d’occupation et leurs collaborateurs qualifient les résistants de terroristes. Ainsi, à quelques jours des manifestations anniversaires du débarquement allié, on se souvient que Charles De Gaulle et bien des résistants français, qui seront honorés, furent condamnés pour terrorisme par les collaborateurs de l’armée d’occupation.
Loin d’accepter ces explications embrouillées, le philosophe Michael Walzer revient dans Le Monde sur la responsabilité de l’administration Bush dans les traitements inhumains et dégradants infligés aux détenus de Guantanamo et d’Irak. Son indignation est d’autant plus notable qu’il est un défenseur de la raison d’État au point de justifier les assassinats ciblés et l’usage de la torture par Israël. Mais l’ampleur des violations des Droits de l’homme lui paraît immorale, d’autant qu’elle est inutile et dangereuse. Aussi, pour rétablir un ordre du monde où les États-Unis jouiraient d’une autorité non seulement militaire, mais aussi morale, il appelle à contraindre l’administration Bush à la démission et prend position pour John Kerry.

Le député conservateur britannique Crispin Blunt, en mission en Irak, jette un regard lucide sur la situation. Il souligne dans le Guardian que, comme en 1920, les soldats britanniques ont été acclamés en libérateurs avant d’être rejetés comme occupants. Ce renversement n’est pas le fait de l’ingratitude des Irakiens, mais de l’ambivalence de la Coalition. Pour être ressentis comme des libérateurs, les Britanniques doivent se comporter en libérateurs, c’est-à-dire remettre le pouvoir à un gouvernement choisi par les Irakiens, quel qu’il soit. La proposition Rumsfeld de renforcer les troupes ne fera que délégitimer un peu plus la Coalition. Il faut au contraire se retirer d’Irak.
James Steinberg et Michael O’Hanlon partagent cette analyse du point de vue états-unien. Dans le Washington Post, il soulignent que le peuple irakien est aujourd’hui majoritairement opposé à la Coalition. Le seul moyen de ne pas voir surgir rapidement un gouvernement hostile serait de se dégager progressivement au profit de l’ONU.

Enfin, Shlomo Avineri poursuit sa quête d’exemples étrangers pour justifier le point de vue singulier d’Israël. Dans le Jerusalem Post, il stigmatise l’étouffement des nationalismes kurde, berbère et maronite en pays arabe et plaide pour la reconnaissance du nationalisme juif au Moyen-Orient par les nationalistes arabes. Mais le propos n’a que l’apparence de la logique puisqu’il mêle deux définitions contradictoires du nationalisme. Si les Kurdes et les Berbères sont liés par une culture, les juifs israéliens et les maronites libanais le sont par une foi.