Je sais que la proposition de loi demandant le rétablissement de la peine de mort pour les terroristes a peu de chance d’être adoptée. Si je l’ai cosigné, c’est pour relancer le débat sur la peine de mort car son abolition n’a rien résolu des problèmes de violence et que le terrorisme aveugle ne cesse de croître.
En abolissant la peine de mort, on a dévalorisé la vie car affirmer que les crimes des assassins ne doivent pas être sanctionnés par la condamnation suprême signifie qu’une vie ne vaut pas une vie. Restaurer une sanction à la hauteur de la faute, c’est restaurer la responsabilité. La question n’est pas l’effet dissuasif, mais de savoir si la société accepte que la vie soit dévalorisée par, dans le pire des cas, des poseurs de bombes. Le fait que la peine de mort ait été abolie en 1981, date à laquelle la France est entrée dans la démocratie molle et dans la perte des repères, est symptomatique. On nous a présenté l’abolition de la peine de mort comme un progrès de la démocratie alors qu’il ne s’agit que d’une banalisation du meurtre. En outre, pourquoi cette peine est-elle si choquante ? Une nation qui bombarde un camp terroriste donne également la mort pour se défendre.
Sans la peine de mort, on court le risque que le peuple ne se fasse justice lui-même, ce qui est la négation des principes de vie en société. Je pense que la démocratie doit se radicaliser pour survivre. Le rétablissement de la peine de mort ne signifie pas son application systématique. Il faut un référendum sur la question.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Non à la banalisation du meurtre », par Jacques Myard, Le Figaro, 25 mai 2004. Ce texte est adapté d’une interview.