La récente affaire impliquant un possible espion, israélien au Pentagone doit être vue en prenant compte de quatre éléments de contexte. Premièrement, nous saurons bientôt si l’histoire de CBS a une base tangible ou si elle a été montée en épingle. Le deuxième élément est l’affaire Pollard, une affaire vieille de 19 ans, mais qui continue à empoisonner les relations israélo-états-uniennes et entretient la suspicion d’une partie des services de renseignement états-uniens à l’encontre des juifs dans leurs services. Troisièmement, certaines personnes dans l’appareil politique états-unien dénoncent les liens entre Washington et Tel-Aviv en affirmant qu’Israël utilise les États-Unis pour servir ses intérêts au détriment des intérêts états-uniens. Enfin, Israël est souvent présenté actuellement comme l’un des responsables de la guerre d’Irak.
À ces quatre éléments s’ajoute une nouvelle dimension : il devient de plus en plus évident que la tentative pour bloquer le développement du programme nucléaire iranien par la négociation est en train de tourner au fiasco et que les États-Unis ou Israël pourraient avoir à intervenir militairement. Ceux qui ne souhaitent pas une telle opération militaire affirment donc qu’une telle attaque ne ferait que servir les intérêts israéliens. Cela a conduit l’éditorialiste William Pfaff à sous-entendre qu’on ne peut pas faire confiance dans le traitement de la question iranienne aux amis d’Israël dans l’administration. Il faut qu’Israël et la communauté juive fassent attention à ce qui se dit.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« What is said and what is hinted at », par Itamar Rabinovich, Ha’aretz, 31 août 2004.