Après la fin pacifique de l’affrontement militaire à Nadjaf, beaucoup d’Irakiens et d’Américains ont espéré que le conflit entre Moqtada Sadr et Iyad Allaoui était terminé et que les hommes de Sadr allaient revenir dans leurs foyers. Les nouveaux affrontements à Sadr City montrent qu’il n’en est rien et que les partisans de Sadr poursuivent la lutte. Certains prétendent que ce groupe n’arrêtera jamais le combat, tandis que d’autres pensent que les combats ont repris simplement parce que Sadr veut être en position de force à la table des négociations. Il existe une troisième possibilité, plus inquiétante : la transformation de l’armée du Mehdi en une version irakienne du Hezbollah libanais.
Le Hezbollah occupe une place à part dans l’univers terroriste car il a lié une dimension politique forte à son action. Ce groupe a émergé suite à l’invasion israélienne du Liban en 1982 avec une volonté de constituer une République islamique, mais sachant que la seule action terroriste ne lui permettrait pas de rallier grand monde dans le Liban multiethnique. Le Hezbollah a donc mis au point une stratégie d’aide sociale et d’action politique visant à lui faire incarner les chiites dans leur ensemble. Il a ainsi acquis un soutien populaire tout en menant des frappes ciblées contre Israël et les institutions juives. Dans les années 1990, il s’est lancé en politique et il est devenu le premier parti du Liban lors des élections de 1992.
Le Hezbollah et l’armée du Mehdi ont un point commun : ils sont tous les deux soutenus par l’Iran, et il est probable que Téhéran essaye de faire de la milice de Sadr l’équivalent du Hezbollah pour avoir un moyen de pression politique et militaire. On ne peut pas empêcher Sadr de participer au processus politique, mais il faut être ferme sur le désarmement de sa milice.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Does Iran Want Another Lebanon ? », par Peter R. Neumann et Joshua Kilberg, New York Times, 8 septembre 2004.