James Dobbins, directeur de la Rand Corporation, se félicite dans le New York Times de ce que l’administration Bush vienne de réaffecter les crédits de reconstruction de l’Irak. Désormais, ils seront prioritairement utilisés à la sécurité, à l’emploi et aux services sociaux et non plus à la reconstruction des infrastructures et à l’instauration de l’économie de marché. Il aurait, en fait, fallu commencer par là pour éviter le chaos et l’insurrection. Ca tombe bien : il s’agit-là des domaines pour lesquels la Rand Corporation et les firmes qui la possèdent sont prêtes à intervenir.
Un autre marché s’ouvre en perspective : la guerre contre le Soudan. Ainsi, les néo-conservateurs William Kristol et Vance Serchuk plaident dans le Washington Post pour que les États-Unis interviennent au Darfour, comme le président Bush l’a suggéré devant l’Assemblée générale de l’ONU. Ils justifient cette ingérence par deux arguments. Le premier est celui du « génocide des Noirs par les Arabes », qui a été réfuté par la communauté internationale, mais qui est « porteur » aux États-Unis en période électorale. Le second est celui de l’usage par Khartoum contre sa propre population des armes de destruction massive irakiennes qui auraient transité par la Syrie. Il permet de trouver une excuse valable pour ne pas avoir trouvé ces armes en Irak et pour ne jamais les retrouver, même si elles n’ont pas existé. Observons que les deux auteurs créditent leur accusation en citant le quotidien allemand Die Welt. Mais, si l’on se reporte à l’article original, celui-ci source son information en citant des services secrets de la Coalition. Il s’agit-là d’un procédé classique de « blanchiment de l’information ». Pour éviter de s’appuyer une nouvelle fois sur un rapport bidon de la CIA, l’Agence organise une fuite à l’étranger que l’on reprend en oubliant la source originelle.

Kenneth Roth, directeur de Human Rights Watch, critique dans le Boston Globe la manière dont l’administration Bush lutte contre le terrorisme. Il serait plus efficace d’agir de manière multilatérale, comme le préconise Kerry. Mais, il serait mieux encore de s’attacher à défendre les Droits de l’homme plutôt que les dictatures, comme le propose George Soros, mécène de l’ONG.
Ce point de vue ne risque pas d’être entendu en matière de lutte à l’étranger alors qu’il ne l’est pas pour ce qui est de l’anti-terrorisme aux États-Unis mêmes. Daniel Pipes tourne en dérision un rapport d’Amnesty International. L’organisation de défense des Droits de l’homme s’est indignée de ce que les forces de l’ordre aux Etats-Unis mènent la lutte anti-terroriste au faciès, soupçonnant a priori 32 millions d’arabes et de musulmans. Mais, écrit le propagandiste dans le Jerusalem Post, loin d’être une erreur, cette discrimination est le signe d’une bonne gestion. Il ne sert à rien, en effet, de surveiller identiquement les citoyens non-musulmans qui, par définition, ne peuvent être des islamistes terroristes. Il faut donc admettre que ces désagréments sont le prix à payer dans cette guerre.

Le mensonge a parfois des limites. On peut regretter que l’on ait conduit une guerre contre l’Irak pour détruire des armes qu’il n’avait pas et que l’on laisse ses agresseurs développer leurs propres armes de destruction massive.
À ce propos, les sept ministres des Affaires étrangères d’Afrique du Sud, du Brésil, d’Égypte, d’Irlande, du Mexique, de Nouvelle-Zélande et de Suède appellent, dans l’International Herald Tribune, au respect du Traité de non-prolifération nucléaire. Or, si l’on se focalise aujourd’hui sur l’interdiction faite à de nouveaux États de se doter de la bombe atomique, on oublie un volet essentiel du dispositif : le désarmement des actuelles puissances nucléaires.
Enfin, Dan Plesch souligne dans le Guardian que la procédure d’impeachment contre Tony Blair a déjà recueilli de nombreux soutiens parlementaires. Ce qui paraissait inimaginable, il y a quelques mois, devient possible. Il ne faut donc pas se décourager en chemin, mais persévérer car ce dossier est bien étayé.