Ali Sistani craint que les chiites soient insuffisamment représentés, si les élections ont lieu. Alors même que des responsables sunnites demandent à leurs fidèles de ne pas y participer. En fait, la situation n’est pas aussi désespérée qu’il y paraît.
Les déclarations de Sistani visent surtout à augmenter les chances de succès des chiites et il ne faut pas croire qu’un report des élections serait la fin du monde. En fait, ce qui est préoccupant, c’est surtout la position des sunnites. Il vaut mieux qu’il n’y ait pas d’élection plutôt qu’une élection sans eux. Sans les sunnites, il n’y aura pas de représentant de cette communauté pour négocier une constitution et elle sera illégitime. Le problème est le même si les élections n’ont lieu que dans certaines parties du pays pour des raisons de sécurité. Le seul moyen de mettre fin à l’insurrection sunnite est de mettre fin à leur ressentiment et si pour cela il faut prendre du temps et retarder les élections, alors ainsi soit-il !
Sistani, de son côté, craint un système électoral qui sous-représente les chiites. Comme il s’agit d’un scrutin par liste, il manœuvre pour que les chiites occupent les places éligibles. Toutefois, s’il le voulait, il serait facile pour lui de casser le processus électoral, mais il ne l’a pas fait. Son attitude montre que l’islam est la démocratie ne sont pas incompatibles. Contrairement à ce qu’ont dit Iyad Allaoui et Donald Rumsfeld, il faut que les élections aient lieu pour tous les Irakiens et qu’elles soient les plus justes possibles. Même si pour cela il faut prendre son temps.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Iraq Can Wait for Democracy », par Noah Feldman, New York Times, 24 septembre 2004.