Le congrès du New Labour (Brighton, 26 au 30 septembre) est l’occasion pour la gauche britannique de débattre de la politique étrangère du Royaume-Uni, alors que Tony Blair l’a alignée aveuglément sur celle des États-Unis et que la rue l’a massivement désapprouvée.
L’ambassadeur Oliver Miles, qui avait organisé la fronde des diplomates de Whitehall contre Tony Blair, revient à la charge dans le Guardian. Il souligne qu’au-delà des péripéties qui font la « une » des journaux, l’événement important, c’est la détérioration constante de la situation en Irak. Il plaide pour un retrait progressif des troupes britanniques à la fois pour des raisons morales (l’illégalité de la guerre) et politiques (l’insurrection populaire).
Le contestataire irakien, Sami Ramadani prend moins de gants dans le même quotidien pour décrire la réalité de son pays natal. Il réfute en quelques lignes la théorie d’une résistance aux mains de jihadistes étrangers en observant que, sur 2700 attentats en Irak, 6 seulement ont été imputés (à tort ou à raison) à l’islamiste jordanien Zarkaoui. Aussi, quels que soient les titres des journaux, ce qui se passe en Irak est une insurrection populaire. En outre, l’auteur qui n’ignore pas que les syndicats britanniques forment une composante essentielle du New Labour, relève qu’au-delà des questions de sécurité, la situation sociale est catastrophique. Bremer et Allaoui ont même supprimé le droit de grève dans l’administration. Les travaillistes soutiendront-ils encore longtemps la guerre de Blair ?

Le spectaculaire enlisement de la Coalition en Irak et le redressement de la Fédération de Russie conduisent les chancelleries à s’interroger sur le bien-fondé des analyses dominantes depuis une décennie. Et si « l’hyper-puissance » états-unienne n’en était pas une et que le reste du monde pouvait encore peser sur les événements ?
Gautam Adhikari, expert à l’American Enterprise Institute, se livre dans l’International Herald Tribune à un difficile exercice : admettre la surévaluation de la puissance US, tout en sauvant son autorité. La solution, qui a déjà été mise en avant par George Soros, serait de présenter Washington comme le leader du monde et non son souverain. L’ennui, c’est que le leadership se mérite et que le « modèle américain » a perdu sa force de séduction. Les efforts de l’auteur semblent donc compromis.

Vu de Washington, la question de la domination peut être posée en termes inverses. Pour regagner l’autorité perdue, les États-Unis doivent réussir là où ils ont échoué : prendre le contrôle des ressources énergétiques mondiales. Or, compte tenu de l’exploitation au cours actuel du baril, il ne suffit plus de se focaliser sur le golfe arabo-persique, il faut aussi entrer dans la zone d’influence russe.
Sous prétexte de dénoncer le trucage des élections au Kazakhstan, Christopher Walker et Robert Orttung, deux experts de la Freedom House, accusent les États de l’ex-URSS de pratiques autoritaires et de corruption. Partant dans l’International Herald Tribune de cette généralité qu’ils font passer pour un raisonnement, ils s’empressent de l’appliquer à l’adversaire russe, mais pas aux amis baltes.
Dans la même veine, l’ambassadeur Anders Aslund stigmatise dans le Washington Post le régime ukrainien. Cependant, l’élection à la présidence du pays de l’atlantiste Viktor Yushchenko lui semble possible, d’autant que celui-ci commence à être soutenu par les milieux d’affaire.

De son côté, la presse russe bruisse d’inquiétude après la prise d’otages de Beslan qu’elle attribue, à des militants de la cause tchétchène dévoyés par les services secrets anglo-saxons. Les commentateurs s’interrogent sur l’orage qui se prépare. Le président de la Commission des affaires étrangères de la Douma, Konstantin Kosachyov, examine dans le Moscow Times les conséquences de l’élection présidentielle états-unienne du 2 novembre. Au fond, que le prochain président soit à nouveau Bush ou Kerry n’a guère d’importance. Ce qu’il faut avant tout, c’est poursuivre les négociations de désarmement bilatéral et de modernisation des institutions internationales.