Contrairement à son rejet de la politique étrangère états-unienne traditionnelle au Proche-Orient, l’administration Bush a largement adopté la politique traditionnelle vis-à-vis de la Chine : le dialogue. Pourtant de son côté, si Pékin adopte le langage de la coopération, il agit comme une « concurrent stratégique » ».
C’est ce qu’on observe avec les interférences de la Chine dans les délicates négociations nucléaires avec Téhéran. Les États-Unis et l’Union européenne ont choisi une approche « gentil flic-méchant flic », mais l’attitude chinoise mine aussi bien la carotte européenne que le bâton américain. Le ministre des Affaires étrangères chinois, Li Zhaoxing, s’est rendu à Téhéran où il a déclaré que Pékin s’opposerait à toute tentative de sanctionner l’Iran au Conseil de sécurité de l’ONU. Cette déclaration est le fruit de l’accroissement des échanges sino-iraniens et un calcul stratégique similaire dicte la politique chinoise vis-à-vis du Soudan. La Chine y a également des intérêts énergétiques et protège en conséquence Khartoum à l’ONU. Le problème se pose également en Corée du Nord où l’on pourrait pourtant penser qu’il existe des intérêts communs entre la Chine et les États-Unis. Pékin protège Pyongyang et rejette la responsabilité de la crise sur les États-Unis et la Corée du Sud. Concernant Taiwan, l’objectif états-unien d’une solution pacifique et négociée est également contestée par la Chine.
Washington doit reconnaître que la coopération avec la Chine, issue d’un souci partagé d’endiguer l’URSS durant la Guerre froide, est devenue un anachronisme. L’expérience montre au contraire que la Chine n’a une politique de coopération que quand les États-Unis se montrent forts et fermes. Il faut avoir la même approche iconoclaste avec cette partie de la politique étrangère que nous l’avons eu vis-à-vis des autres questions de politique étrangère.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Unhelpful China », par Dan Blumenthal, Washington Post, 6 décembre 2004.