Depuis la mort de Yasser Arafat, on assiste à une vague d’optimisme dans l’analyse des affaires palestiniennes. Elle se fonde sur l’élection d’un dirigeant pragmatique, Mahmoud Abbas, les efforts des forces de sécurité palestiniennes pour arrêter les attaques des militants palestiniens et la trêve entre Israéliens et Palestiniens signée le 8 février à Charm El-Cheikh. Les observateurs pensent que ces évolutions vont amener une réforme des services de sécurité palestiniens, une offensive contre les militants palestiniens et un moyen de dénoncer le bluff d’Ariel Sharon et de le forcer à appliquer la « feuille de route ». Mais tout cela est certainement une mauvaise appréciation.
En effet, les attaques contre les Israéliens ne cesseront pas longtemps et l’offensive contre les militants est peu probable car Abbas n’a pas la légitimité nécessaire pour cela. L’analyse du Hamas concernant l’échec du processus d’Oslo fait désormais consensus et la légitimité du Fatah s’est érodée. Ce n’est pas parce que des groupes palestiniens ont été marginalisés et isolés dans le processus de négociation qu’ils n’ont pas les moyens de saper les tentatives des États-Unis pour stabiliser la région. Ces groupes ne sont pas que des mouvements armés, ce sont des mouvements politiques bien implantés dans la société palestinienne.
L’élection présidentielle censée donner une légitimité à Abbas n’a été qu’une élection interne au Fatah à laquelle le Hamas n’a pas participé. Aussi, le vrai test sera l’élection au Conseil législatif palestinien à laquelle le Hamas devrait participer. Si la communauté internationale cherche vraiment à mettre fin au conflit, elle doit aider à fonder une vraie légitimité et un vrai soutien populaire en aidant à organiser des élections vraiment pluraliste qui permettront de définir des objectifs à la négociation pour un gouvernement ayant un vrai mandat.

Source
Daily Star (Liban)

« Forget Palestinian security reform, Abbas needs a mandate », par Alastair Crooke, Daily Star, 14 février 2005.