La défaite états-unienne face à Bachar el-Assad
Par Ghaleb Kandil
La semaine dernière a été marquée par une série d’indices illustrant un changement fondamental dans le discours politique et médiatique US sur la Syrie, en prélude à un aveu franc de l’échec du plan de Washington dans ce pays, qui devrait apparaitre après le sommet russo-américain.
Ainsi, Washington a sciemment fait savoir que le président Barack Obama avait rejeté un plan d’armement des rebelles syriens présenté par Hillary Clinton, David Petraeus et Leon Panetta, qui ont été remplacés dans le nouvelle administration. Ce trio dirigeait la guerre universelle menée contre la Syrie dans les domaines sécuritaire, militaire et économique. Le nouveau secrétaire d’État, John Kerry, a mis l’accent dans ses déclarations sur la nécessité de trouver un règlement politique à la crise à travers des négociations entre les oppositions et l’État national syrien, dirigé par son président Bachar el-Assad. Kerry a préparé le terrain à une éventuelle rencontre avec Assad dans plusieurs déclarations faisant état d’« idées » susceptibles de convaincre le dirigeant syrien de négocier avec ses détracteurs. Il est important de souligner que l’initiative proposée par le président el-Assad le 6 janvier dernier est la seule initiative sérieuse pour organiser le dialogue et le partenariat avec l’opposition. Toutefois, le chef de la diplomatie états-unienne semble vouloir préparer son opinion publique et les gouvernements de la région à la scène dont il rêve mais qu’il ne lui sera pas facile de concrétiser : un photo le montrant en train de présenter ses respects au dirigeant de la Syrie, en sa qualité de secrétaire d’État US. Un dirigeant que Washington a cru à un certain moment pouvoir renverser.
Tous ceux qui suivent de près les développements de la crise syrienne ne peuvent qu’être écœurés de l’attitude trompeuse et hypocrite des États-Unis, qui ont déversé ces derniers jours -via la Maison-Blanche, le Pentagone et le Département d’EÉtat- un flot de déclarations sur le fait que le Front qaïdiste al-Nosra constitue la principale source de danger menaçant la sécurité du monde arabe et des pays occidentaux. Qui a mobilisé ces terroristes du monde entier pour les envoyer en Syrie ? Qui a ordonné à la Turquie, au Qatar, à l’Arabie saoudite, à la Libye et au Courant du futur libanais d’offrir argent, armes, entrainement, soutiens logistiques et couverture politique et médiatique aux groupes takfiristes ? N’est-ce pas l’Amérique ? Quel est le secret de ce revirement ?
Certainement pas un éveil de la conscience états-unienne. C’est tout simplement l’échec du plan occidental contre la Syrie devant la résistance tenace et acharnée du peuple et de l’armée syrienne et de leurs alliés dans la région et dans le monde ; devant la détermination inébranlable de Bachar el-Assad qu’ils n’ont pas réussi à briser et qui se prépare dores et déjà à une nouvelle victoire historique après ses succès en Irak, dans la guerre de juillet 2006 au Liban et à deux reprises à Gaza en 2008 et 2012.
L’empire américain a perdu sa guerre contre el-Assad et contre la Syrie et se prépare à accepter le mécanisme de fin de la violence proposé par le président syrien. C’est-à-dire que Washington va être contraint, dans un proche avenir, de mettre en œuvre des engagements portant sur l’arrêt de l’armement et du financement des groupes terroristes par ses États auxiliaires dans la région.
C’est à ce moment là que les vrais problèmes de ces États vont commencer.
Déclarations et prises de positions
Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
« Notre seul et logique choix est la résistance populaire sous toutes ses formes, dont la résistance armée. Au Liban, et depuis 30 ans, la Résistance a été la seule vérité solide, et ses exploits ont modifié les équations stratégiques et changé le cours de l’histoire. Ces exploits aboutiront à la victoire. Certains au Liban nous ont déjà inscrit sur la liste terroriste avant même l’Union européenne. Certains ont même évoqué la possibilité d’une attaque israélienne en guise de représailles. Concernant l’attentat de Bulgarie, Israël a accusé dès le premier jour l’Iran et le Hezbollah d’en être responsables. Mais depuis 2006, Israël réfléchit à deux fois avant d’envisager une opération contre le Liban. Toutes les manœuvres militaires israéliennes, ainsi que les discussions politiques au sein de l’État hébreu, prouvent que cet État se prépare à une confrontation plus large, et non a une simple promenade. À Israël et à ceux qui misent sur lui nous disons : ’celui qui croit qu’en raison de la crise syrienne, la Résistance est affaiblie et que l’occasion se présente de l’attaquer, se trompe. La Résistance est aujourd’hui plus que jamais prête. Les Israéliens et leurs alliés le savent déjà, mais j’aimerais leur rappeler que la Résistance ne gardera pas le silence en cas d’attaque contre le Liban (...) M. Saad Hariri a estimé que le Hezbollah est prêt à suivre son allié, Michel Aoun, en soutenant la loi électorale orthodoxe pour garantir que le Parlement reste sous la mainmise des armes’. Nous soutenons complètement nos alliés mais jamais aux dépens des intérêts du Liban. »
Walid Joumblatt, leader druze libanais
« Certains intrus veulent déformer l’histoire de Ersal, de même que ceux qui élèvent la voix au Liban-Nord, en faisant semblant d’oublier les sacrifices de l’armée à Nahr el-Bared. Ceux-là feignent d’oublier le rôle de Rafic Hariri, qui, en dépit de son conflit avec Émile Lahoud, avait exigé en 2000 l’arrestation de tous ceux qui avaient agressé l’armée, durant les événements de Denniyé. Pourquoi certains insistent-ils pour importer à tout prix la crise syrienne au Liban ? La visite du patriarche Raï à Damas reste au-delà de toutes surenchères. Son timing fait qu’elle a donné un message d’espoir aux chrétiens de Syrie et confirmé la nécessité de protéger la diversité orientale à un moment où ce sont les bruits des canons et des appareils militaires, ainsi que les fatwas takfiristes qui priment au détriment de la coexistence communautaire. »
Waël Abou Faour, ministre libanais des Affaires sociales
« Le nombre de réfugiés syriens est tellement important que le gouvernement ne peut plus subvenir à leurs besoins. Le Liban ne cherche pas uniquement une aide financière, mais aussi un soutien social. Nous faisons face de plus en plus à des problèmes entre les hôtes et les réfugiés dans les milieux pauvres, car les Syriens bénéficient d’aides diverses dont les Libanais sont privés. »
Karim Pakradouni, anien ministre libanais proche de Michel Aoun
« La visite du patriarche Raï à Damas a une portée historique sans précédent. Elle a rétabli les liens entre Bkerké et l’environnement arabe. Il ne fait pas de doute que cette visite a donné une bouffée d’oxygène et un soutien au régime syrien. Dès le début des troubles en Syrie, Mgr Raï n’a pas caché son appui au régime et au peuple syriens, en exprimant ses craintes que le printemps arabe ne provoque un chaos généralisé. De même qu’il n’a jamais caché son inquiétude de la montée de l’extrémisme. Cette inquiétude dépasse le cadre du Liban et existe aussi au Vatican. »
Alexeï Pouchkov, chef de la Commission des Affaires étrangères de la Douma
« Les États-uniens veulent que nous employions notre influence pour obtenir le départ d’Assad. Je pense que nous ne ferons pas, car nous le jugeons incorrect. En revanche, nous sommes prêts à employer notre influence pour le lancement de négociations. Les États-Unis commencent à considérer favorablement certaines initiatives russes concernant la Syrie. Ils reconnaissent notamment que l’effondrement de la structure administrative de la Syrie serait lourd des conséquences les plus négatives. Or, ce ne sont pas les rebelles syriens qui tiennent cette structure d’administration. Les États-uniens ont compris que si tout s’effondrait brusquement, on aurait un autre Afghanistan. Les États-Unis ont aussi reconnu que les insurgés comptaient dans leurs rangs des forces islamistes radicales liées avec des organisations terroristes internationales, ce qui représentait un danger pour les chrétiens, les chiites, les druzes et d’autres minorités en Syrie. »
Evénements
• Le président de la commission iranienne pour la reconstruction au Liban, Houssam Khosh Navis, a été tué alors qu’il était sur la route de l’aéroport de Damas. Son chauffeur, également iranien, a également été tué. Dans un communiqué publié jeudi matin, l’ambassade d’Iran à Beyrouth a indiqué que Houssam Khosh Navis « a été tué par des groupes terroristes armés alors qu’il faisait route pour Beyrouth depuis Damas ».
• Le nouveau patriarche de l’Église chaldéenne, la plus importante communauté chrétienne d’Irak, a estimé que le Printemps arabe avait été détourné au profit d’intérêts particuliers et avait ouvert la voie aux tensions et à l’effusion de sang. Le Printemps arabe a débuté avec des appels à la liberté, à la démocratie et au développement, mais « malheureusement, ces revendications ont pris une orientation partisane », a déclaré Mgr Raphaël 1er Sako. « Nous suivons la situation dans les pays du Printemps arabe. Où est le printemps ? Il y a des affrontements, des tensions, il y a du sang, de la corruption et un discours radical », a-t-il ajouté.
• Le commandement de l’armée libanaise a annoncé vendredi dans un communiqué l’arrestation de onze personnes à Ersal pour détention d’armes. Les personnes arrêtées, dont quatre Syriens, détenaient un grand nombre d’armes et de munitions. Ces arrestations, qui ont eu lieu à la frontière libano-syrienne, interviennent dans le cadre de l’opération sécuritaire lancée il y a quelques jours à Ersal après l’assassinat de deux militaires, il y a deux semaines, dans cette localité par des extrémistes libanais et syriens.
• Le quotidien libanais Al-Joumhouria a rapporté que des pays arabes se sont employés, dès le début de la crise en Syrie, à fournir des armes, y compris de gros calibres, aux Palestiniens du Liban. En plus des kalachnikovs, ces armes comprenaient des lance-roquettes RPG, des canons lourds anti-aériens de calibre 24,4 mm, et des roquettes antichars.
• L’avocat libanais Wadih Akl a déposé une plainte ce mercredi contre le quotidien saoudien Al-Watan pour offense et insulte contre le patriarche Béchara Raï. Le journal avait publié, mardi, une caricature montrant le patriarche maronite sous la forme d’une diable avec sur la tête, en guise et lieu d’une tiare, un missile. Me Akl s’est porté partie civile contre le rédacteur en chef du quotidien, Talal Al-Cheikh et le caricaturiste Jihad Ortnai, pour « atteinte aux symboles religieux ».
Revue de presse
As-Safir (Quotidien libanais proche de la majorité, 12 février 2013)
Imad Marmal
Ceux qui ont été choqués par la visite de Mgr Béchara Raï à Damas sont incapables de sortir de la logique de la comparaison entre l’attitude de l’actuel patriarche et celle de son prédécesseur Nasrallah Sfeir, et ignorent les profondes différences non seulement entre les deux personnalités mais aussi entre deux périodes politiques dissemblables.
Si l’obsession de la politique du régime syrien au Liban a habité les chrétiens du Liban pendant des années, les changements dramatiques dans la région ont fait en sorte que le régime syrien ainsi qu’une large frange de chrétiens au Liban et en Syrie partagent la même crainte, celle du devenir, face à la vague salafiste et des Frères musulmans.
Certains membres du 14-Mars ont essayé de se convaincre que les positions affichées par le patriarche Raï au sujet de la crise syrienne et des armes de lé Résistance sont passagères, ou ont été mal comprises en raison d’une mauvaise interprétation. Cependant, sa visite à Damas montre qu’il n’en n’est rien et que ces positions reflètent une approche bien réfléchie, adoptée avec « préméditation ».
Des personnes ayant participé à la cérémonie d’intronisation de Jean X Yazigi estiment que la visite de Mgr Raï à Damas a trois objectifs : Le rejet de l’extrémisme et des agissements takfiristes ; l’enracinement sur la terre face à l’hémorragie humaine et la vague d’émigration ; à plus long terme, la réalisation de l’unité des Églises orientales afin qu’elles soient habilitées, le moment venu, de récupérer l’église de la résurrection à Jérusalem, au cas où des négociations sur les affaires religieuses dans la ville sainte ont lieu.
Ces mêmes sources estiment que ceux qui critiquent la visite de Raï à Damas sous prétexte qu’elle crée une animosité des musulmans envers les chrétiens sont eux-mêmes en train de monter les extrémistes contre les chrétiens. D’autant qu’il n’y a aucune raison à percevoir une quelconque provocation dans une visite effectuée par Mgr Raï à ses ouailles à Damas, sa participation à l’intronisation de Mgr Yazigi et son appel à l’arrêt de la violence et des tragédies.
Le vicaire patriarcal Samir Mazloum souligne que les circonstances sont aujourd’hui différentes de celles qui prévalaient à l’époque du patriarche Sfeir. Dans le passé, dit-il, l’armée syrienne était présente au Liban et Damas exerçait une hégémonie politique sur ce pays. Par conséquent, Mgr Sfeir avait refusé de se rendre en Syrie afin que sa visite ne soit pas interprétée comme une acceptation du fait accompli. Aujourd’hui, le paysage a changé, les craintes et les priorités aussi, à la lumière des dangers qui guettent les chrétiens dans l’ensemble de la région.
As-Safir (11 février 2013)
Marlène Khalifé
Des milieux diplomatiques européens à Bruxelles affirment que les faux calculs européens en Syrie sont dus à une erreur d’appréciation selon laquelle le problème principal est l’Iran et qu’une attaque israélienne contre ce pays était inévitable. Tout le monde a ignoré qu’Israël ne peut pas frapper l’Iran, et ce n’est pas un hasard si trois des anciens chefs du Mossad se sont déclarés opposés à une telle attaque, après avoir pris leur retraite. Mais avant qu’ils ne découvrent cette réalité, les Européens croyaient à la bulle de savon qui disait que l’attaque israélienne contre l’Iran était imminente. « Les Européens ont cru au bluff israélien, ajoutent les mêmes sources. Certains ont pensé que le renversement de Bachar al-Assad aurait inéluctablement affaibli Téhéran. Mais aujourd’hui, tous savent qu’Israël ne va pas attaquer l’Iran et que le président syrien ne va pas abandonner ses pouvoirs dans un proche avenir. Les Européens savent aussi qu’ils ne sont pas au bout de leurs peines en Syrie, où la crise peut durer des décennies, comme aux Balkans. Ils sont conscients aussi que les solutions politiques qui sont avancées actuellement arrivent en retard et qu’il aurait fallu les adopter au début de la crise ».
Les milieux diplomatiques européens estiment que « Bachar al-Assad peut encore rester longtemps au pouvoir et qu’il peut continuer à gouverner pour une période illimitée. C’est là le véritable souci. » La force d’Assad tient de la force de ses soldats et de son utilisation de moyens armés. De plus, il dispose d’argent. « Il faut le contraindre à s’en aller, poursuivent les mêmes sources. Toutefois, le problème c’est que l’Union européenne a rompu le contact avec le cercle proche de Bachar al-Assad, y compris le vice-président Farouk al-Chareh, avec lequel le chef de la coalition nationale syrienne, Ahmad Moaz al-Khatib, affirme vouloir négocier ».
An-Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
Rosanna Bou Mouncef (14 février 2013)
Des sources politiques craignent que le président de la République, Michel Sleiman, ait fait preuve de précipitation en annonçant, lors de la dernière réunion du Conseil des ministres qu’il ne permettrait pas « la prorogation du mandat du Parlement ». La position du chef de l’État vise à montrer sa détermination, au vu des responsabilités qui lui incombent, à organiser le scrutin dans les délais constitutionnels. Mais la crainte est que Michel Sleiman n’ait pas laissé de place à d’autres possibilités, qui commencent pourtant à s’imposer avec force, ce qui l’obligera à faire marche arrière. En effet, les discussions au sein de la sous-commission parlementaire électorale au sujet du projet mixte (majoritaire et proportionnelle) font du surplace. Chaque partie a présenté son projet ou sa vision, alors que la confiance n’existe pas entre les protagonistes, tandis que les échanges d’accusations à l’extérieur de la sous-commission continuent de plus belle. D’aucuns s’inquiètent de voir le Liban se diriger vers une impasse à cause du refus d’organiser les élections sur la base de la loi de 1960. Et contrairement à ce que pensent certains, les grandes puissances ne sont pas en train d’exercer des pressions pour la tenue du scrutin dans les délais.
Actuellement, tout le monde tourne en rond et les milieux politiques évoquent les scénarios suivants : L’absence d’accord sur une nouvelle loi consensuelle empêcherait la tenue des élections à la date prévue, car ni la majorité ni l’opposition ne sont disposée à offrir de leur plein gré le pouvoir à leurs adversaires ; l’absence d’accord sur la période postélectorale est une raison supplémentaire pour le report des élections ; l’organisation des élections sans accord sur la période postélectorale signifie que le pays restera sans gouvernement pour un an ou plus, en partant du principe que le 8-Mars et le 14-Mars seront à égalité.
Al-Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité, 15 février 2013)
Le discours prononcé par Saad Hariri à l’occasion de la 8ème commémoration de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri n’était pas ordinaire, mais pas exceptionnel non plus. À travers son allocution, M. Hariri souhaitait atteindre un double objectif : donner le coup d’envoi de sa bataille électorale en la plaçant sous le signe de la modération et de l’État civil, et préparer sérieusement son retour au Liban. Toutefois, les slogans lancés dans le discours ne correspondent pas au véritable programme d’action du Courant du futur.
Eddy Abillamah, responsable au sein des Forces libanaises, était prêt à tout pour que l’ambassadeur de France au Liban Patrice Paoli, qui n’a pas trouvé de place, ne quitte pas les lieux. Il lui a donc laissé son propre siège. En toute vitesse, les organisateurs libèrent un siège pour l’ambassadrice des États-Unis Maura Connelly, en l’installant bien sûr aux côtés de l’ambassadeur d’Arabie saoudite. Paoli en a-t-il été irrité, Connelly ayant été installée au centre du premier rang alors qu’il n’avait eu droit, lui, qu’à un siège tout au bout de ce rang ? Cela semble être le cas. Mais voilà Eddy Abillamah, tel un chevalier servant, qui libère de nouveau un siège pour l’ambassadeur de France, bien au centre cette fois-ci.
Al-Akhbar (15 février 2013)
Hiam Kossayfi
Le chef du bloc de la Réforme et du changement, Michel Aoun, a déclaré que toute loi électorale est anticonstitutionnelle si elle ne permet pas l’élection de 64 députés chrétiens authentiques. Par conséquent, le projet orthodoxe est le meilleur car il permet de représenter toutes les communautés et évite la perte ne serait-ce que d’un seul vote, contrairement à ce qui se passe dans la loi en vigueur. « Par exemple au Liban-Sud, il y a 30 000 maronites qui ne votent pas ou dont les voix sont ‘mortes’ car elles n’ont pas de poids, a-t-il expliqué. À Minié-Denniyé, il y a 14 000 électeurs chrétiens ; à Nabatiyé 5 000 ; à Tyr 1 000… Il y a en tout 460 000 chrétiens marginalisés. Que reste-t-il du vote chrétien ? ».
Le général Aoun a dit ne pas comprendre « pourquoi les Kataëb et les Forces libanaises présentent d’autres projets de loi électorale ». « Souhaitent-ils retirer leur soutien au projet orthodoxe ? » s’est-il interrogé.
Selon le chef du Courant patriotique libre (CPL), le président de la République, Michel Sleiman, perdra tout recours en invalidation qu’il présentera contre le projet de loi orthodoxe. « Qu’il ne se fatigue pas à le faire », a-t-il dit avant d’assurer que le CPL présentera un recours en invalidation contre toute autre loi qui n’assure pas aux chrétiens une représentation juste. « Que cela leur plaise ou non, le projet orthodoxe est le meilleur, a-t-il répété. Il est contraignant et non pas facultatif, avec notre respect pour le chef de l’État et tous les autres. Nous l’appuierons jusqu’au bout et il n’y a aucune raison qui nous pousserait à présenter des concessions. Dans le même temps, nous sommes prêts à approuver toute loi qui nous accorderait 64 députés ».
Le général Aoun a indiqué que si la loi est votée, les élections seront reportées d’un ou deux mois. « Pas besoin de proroger le mandat du Parlement, a-t-il dit. C’est le gouvernement qui détient le pouvoir exécutif. Même si la loi électorale n’est pas votée, je suis contre la prorogation du mandat de la Chambre. Le gouvernement gouverne via des décrets-lois. »
Commentant les accusations du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, selon lesquelles le CPL est responsable « de la guerre lancée contre les sunnites », le général Aoun a répondu : « Peut-être que M. Geagea n’est plus convaincu de ses alliances et qu’il cherche un moyen d’en sortir. Personne ne persécute les sunnites. Ces accusations n’ont aucun fondement. D’ailleurs, le pouvoir n’est pas entre nos mains pour persécuter qui que ce soit. Au contraire, ce sont eux qui s’emparent de nos droits. Combien de martyrs faut-il qu’il y ait à Ersal pour qu’ils reconnaissent que l’armée est agressée ? Ils veulent que l’on se taise sur ce qui se passe. Nous voulons une armée, par des scouts. »
Al-Akhbar (14 février 2013)
Entre les arènes du Parlement et du Conseil des ministres, la loi électorale de 1960 est enterrée et le projet orthodoxe vacille, alors que les démarches pour l’élaboration d’une nouvelle loi ont commencé, même s’il fallait, pour cela, reporter le scrutin pour des « raisons techniques ».
La réunion du Conseil des ministres a été le théâtre, hier, d’un échange assez vif entre le président de la République, Michel Sleiman, d’un côté, les ministres du CPL, du Hezbollah et du Mouvement Amal de l’autre, au sujet de la Commission de supervision des élections. Il a finalement été décidé de soumettre pour avis cette question au comité de consultations juridique. Mais le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Gebran Bassil, a déclaré : « Nous avons enterré la commission de supervision des élections et la prochaine fois nous commémorerons son quarantième ».
Selon les informations, le président Sleiman avait l’air très mécontent du fait que la formation de cette commission n’a pas été approuvée. Lors de la réunion précédente du Conseil des ministres, il avait donné deux semaines au gouvernement pour nommer les membres de cette instance, sans quoi il « prendra(it) position au sujet du cabinet ». Lors de la réunion d’hier, le chef de l’État a déclaré : « Je suis le seul au Liban qui refuse la prorogation du mandat du Parlement actuel, alors que tous le souhaitent ».
Les ministres Mohammad Fneich (Hezbollah) et Ali Hassan Khalil (Amal) étaient fermes dans leur refus de former la commission de supervision. Lorsque le président Sleiman a proposé de soumettre le dossier au comité de consultations juridiques, M. Khalil a déclaré : « Si vous voulez gagner du temps, soit. Mais notre refus d’organiser les élections sur la base de la loi de 1960 ne changera pas. » À son tour, Gebran Bassil a dit au chef de l’État : « Le débat juridique est une chose et notre position politique en est une autre. Nous ne sommes pas concernés par les discussions à caractère juridique. Mais notre position politique est claire et indiscutable. Nous l’exprimons en Conseil des ministres sans ambages : Nous n’accepterons pas des élections sur la base de la loi de 1960, quel que soit l’avis du comité de consultations juridiques. »
Al Akhbar (13 février 2013)
Nasser Charara
Des sources diplomatiques prédisent le tournant que prendra le des accusations bulgares contre le Hezbollah pour son implication présumée dans l’attentat de Bourgas, le 18 juillet 2012. Dans les prochains jours, le Liban sera appelé à livrer à la Bulgarie les deux individus appartenant à « l’aile militaire du Hezbollah », et le débat s’intensifiera au sein de l’Union européenne pour que le Hezbollah soit inscrit sur la liste des organisations terroristes. Ces sources rapportent par ailleurs qu’un échange d’informations a eu lieu ces derniers jours entre la Bulgarie, les Etats-Unis, le Canada, Israël et des pays européens, dont la France et la Grande-Bretagne. Il en ressort une tendance à fabriquer un nouvel accusé dans l’affaire, bien que tout ne soit pas encore au point.
Selon Le Figaro, l’explosion de Bourgas, présentée comme un attentat suicide au début, est aujourd’hui considérée comme « accidentelle ». « Les terroristes voulaient faire exploser la bombe à distance dans le bus en mouvement. Mais soit le porteur de la bombe a fait une mauvaise manipulation, soit il s’est fait avoir par ses coéquipiers », affirme une source policière, indique le journal français. Ces fuites ont pour but d’écarter la thèse d’une implication d’Al-Qaïda, qui fait souvent appel à des kamikazes, et de ne laisser que le Hezbollah sur la sellette.
Le Canada joue le rôle de fer de lance de l’entreprise israélo-américaine : mandaté par les États-Unis, le Canada mène la bataille internationale visant à faire croire que l’Iran et le Hezbollah sont responsables de nombreux actes terroristes commis de par le monde. D’ailleurs, des sources informées ont levé le voile sur des contacts récents entre les services de renseignement américains, bulgares et canadiens pour échafauder un scénario montrant que le deuxième accusé libano-canadien dans l’attentat de Bourgas avait déjà été incarcéré, il y a quelques années, en Israël et en Roumanie, sous l’accusation d’avoir planifié des attentats à l’explosif et le détournement d’un avion au profit du Hezbollah. Même si cet individu F.A., a été relâché par Israël, les Etats-Unis le réclament toujours. Analyse des mêmes sources : le fait de citer cet individu dans l’affaire bulgare vise indubitablement à trouver un accusé connu des services de renseignements israéliens et dont le casier judiciaire prouverait son appartenance au Hezbollah, l’objectif ultime étant de convaincre l’opinion publique mondiale que c’est le Hezbollah qui se tient derrière l’attentat en Bulgarie.
Al-Joumhouria (Quotidien libanais proche du 14-Mars, 14 février 2013)
Citant un rapport des services de renseignement, des journaux israéliens ont indiqué ces dernières heures que le président américain Barack Obama et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu craignent « une vengeance syro-iranienne qui ne serait pas forcément militaire mais électronique » Exécutée par le Hezbollah, cette attaque permettrait à l’Iran de réaliser deux objectifs stratégiques : riposter aux raids israéliens contre la Syrie et neutraliser les capacités israéliennes à lancer une attaque imminente contre le programme nucléaire iranien.
Le rapport ajoute que des experts américains dans des domaines très développés de l’informatique vont précéder Obama en Israël avant sa visite prévue prochainement. Ils s’emploieront avec leurs collègues israéliens à mettre au point un plan rapide pour faire échec à toute cyber-attaque. Ils tenteront aussi de jeter les fondements d’un plan sur une plus longue durée pour renforcer les capacités israéliennes dans la guerre électronique, à un moment où les moyens du Hezbollah et de l’Iran dans ce domaine se sont développés ces derniers mois.
Selon le rapport, Netanyahu est déterminé à achever la construction, dans la région de Bir el-Sabeh, le centre de protection du réseau informatique israélien, dans lequel sera également installé un centre d’écoute de l’armée israélienne. Le rapport révèle que « le Liban-Sud est plus que jamais sous la surveillance d’Israël car le Hezbollah y a construit une chambre d’opération numérique secrète, disposant de protections exceptionnelles contre les tentatives d’infiltrations électroniques. »
Les journaux israéliens rappellent que des banques, des institutions financières et des sociétés pétrolières américaines dans le Golfe ont été la cible, ces derniers mois, d’attaques électroniques.
Al-Joumhouria (11 février 2013)
Johnny Mnayyar
Les informations sur un éventuel report des élections législatives occupent une part de plus en plus grande dans les discussions qui se déroulent dans les sphères officielles. Le président de la République n’hésite plus à dire devant son proche entourage que les chances de l’ajournement du scrutin dépassent les 50 %. Le Premier ministre, qui entend des ambassadeurs étrangers des déclarations sur la nécessité d’organiser les législatives à la date prévue, ne voit pas que la question est aussi simple à la lumière des données actuelles. Le ministre de l’Intérieur a franchement affirmé à plus d’une reprise devant les médias que le report est une possibilité sérieuse, même si dans ses salons privés il va plus loin.
Que se passerait-il si les élections sont reportées ? C’est la question que se pose le président du Parlement Nabih Berry dans ses rencontres privées. Si la sous-commission électorale ne parvient pas à s’entendre sur une loi consensuelle, le Parlement sera convoqué pour voter le projet de loi orthodoxe qui obtiendrait la majorité. Mais le président de la République devrait renvoyer le projet, ce qui signifie que le pays entrera dans un bras de fer qui aboutira, forcément, au report.
À ce stade, il y a deux possibilités : Le Parlement décide de proroger son mandat pour un an afin de tenter d’élaborer une nouvelle loi. Ce scénario arrange ceux qui parient sur des changements en Syrie et ouvre la voie à la prorogation du mandat présidentiel et du gouvernement, comme le souhaitent certains. Deuxième possibilité : un vide au niveau du Parlement, dont les prérogatives seraient transférées au gouvernement. Seule une conférence internationale permettrait de sortir de ce vide. On assistera alors à la naissance de la troisième République, exactement comme cela s’est produit en 1990 à Taëf. La réussite d’une telle conférence nécessite cependant un climat régional propice et le succès des négociations entre les États-Unis et l’Iran. Or ce pari n’est pas sûr jusqu’à présent.
Ainsi, la crise du projet de loi électorale est beaucoup plus importante que les capacités des Libanais, ce qui pousse le Courant du futur à miser sur l’échec des démarches en cours actuellement et, par conséquent, l’obligation pour tous de revenir à la loi de 1960, même si cela constituera un choc pour l’électorat chrétien qui se vengera, alors, dans les urnes.
Toutefois, ces dernières heures, des milieux officiels ont laissé entendre que la meilleure solution est de reporter les élections jusqu’au mois de septembre, le délai supplémentaire de trois mois devant suffire à élaborer une loi consensuelle… tout en espérant que ce report n’en cache pas un autre.
Ad-Diyar (Quotidien libanais proche du 8-Mars, 15 février 2013)
Le danger que représentent les groupes fondamentalistes extrémistes ne se limite pas à la Syrie mais menace aussi la scène libanaise, qui constitue une terre de soutien aux « jihadistes ». Souvent, l’évolution des événements fait en sorte que cette terre de soutien devient elle-même terre de jihad, dans la perception des mouvements takfiristes, surtout que les frontières entre le Liban et la Syrie sont ouvertes de toutes parts et les forces de sécurité sont incapables de les surveiller. C’est notamment le cas du Liban-Nord, que certains veulent transformer en « banlieue-nord » face à la banlieue-sud de Beyrouth. Ces développements interviennent à un moment où les différents protagonistes libanais ont des alliances stratégiques extérieures. Face à l’axe Hezbollah-Syrie-Iran-Russie se dresse l’alliance Arabie saoudite-Qatar-Turquie-Europe-Etats-Unis. Le Liban se trouve donc l’œil du cyclone, avec tous les dangers que cela représente pour lui.
En soutenant des groupes extrémistes, comme les Frères musulmans et d’autres mouvements, les États-Unis agissent comme un instituteur qui confie la direction de sa classe à l’élève le plus turbulent.
Haaretz (Quotidien israélien, 13 février 2013)
Les pronostics israéliens sur une chute rapide du régime du président Bachar al-Assad ont été démentis et il semble que les belligérants sont à forces égales, ce qui empêche une issue rapide de la bataille malgré l’intensification de la violence.
Bien que les évaluations des services de renseignement occidentaux continuent à miser sur la chute inéluctable du régime Assad, certains scénarios envisagés privilégient le glissement progressif de la Syrie dans le chaos.
Israël trouve que la situation actuelle est dans son intérêt, même s’il ne le dit pas ouvertement, surtout après que les craintes des chefs militaires israéliens sur une attaque surprise de l’armée syrienne dans le Golan se sont dissipées. Les rapports israéliens indiquent qu’il est désormais difficile pour l’armée syrienne de lancer une offensive classique et il lui faudra beaucoup de temps avant de restaurer ses capacités militaires d’antan. L’instabilité en Syrie impose à l’armée israélienne des préparatifs militaires d’un type différent. Tous les services de renseignements israéliens doivent maintenant suivre de près l’évolution de la situation en Syrie, pour s’assurer que des armes chimiques ne sont pas transférées au Hezbollah ou aux rebelles sunnites liés à Al-Qaïda.
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