L’UNESCO et Interpol renforcent leur cooperation pour lutter contre le trafic d’objets d’art iraquiens

L’UNESCO et l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) ont renforcé hier leur collaboration en matière de lutte contre le trafic illicite des biens culturels iraquiens, en signant un amendement à l’Accord de coopération qui lie les deux organisations depuis 1999. Se réjouissant de la signature de cet accord, le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, a déclaré : « Au-delà de l’avancée que cet accord permet en faveur de la protection du patrimoine culturel iraquien, il témoigne de la volonté de la communauté internationale de faire de la lutte contre le trafic illicite des biens culturels une priorité, reconnaissant par là que ces biens ne peuvent être considérés comme une marchandise ordinaire et qu’ils sont un des éléments fondamentaux de l’identité des peuples ».

Cet amendement, qui fixe le cadre de la constitution et de la mise à disposition d’une base de données des biens culturels volés en Iraq, dont la responsabilité scientifique a été confiée à l’UNESCO, a été signé le 8 juillet au siège de l’Organisation par son Sous-Directeur général pour la culture, Mounir Bouchenaki, et par le Directeur exécutif des services de police d’INTERPOL, Willy Deridder.

Ce projet a été décidé suite à la réunion sur le patrimoine culturel iraquien organisée au siège d’INTERPOL à Lyon (France) les 5 et 6 mai 2003. Il permettra aux douanes, aux polices et aux acteurs du marché mondial de l’art de disposer d’informations régulièrement mises à jour sur les biens culturels volés en Iraq.

Cet inventaire des objets volés en Iraq sera livré, sur la base des données fournies par l’UNESCO - qui en assurera l’expertise scientifique aux côtés d’autres organisations nationales et internationales -, dans le CD-Rom sur les objets volés dans le monde qu’INTERPOL produit et met à jour tous les deux mois depuis 2001 (disponible en français, anglais et espagnol). Il sera aussi accessible prochainement sur Internet.

Dès mars 2003, l’UNESCO a demandé à INTERPOL de renforcer son action pour lutter contre le trafic des biens culturels iraquiens. Elle a également associé un représentant de cette organisation à sa deuxième mission d’experts en Iraq, conduite par Mounir Bouchenaki du 28 juin au 5 juillet, en vue de réaliser un état des lieux du patrimoine iraquien.

Depuis plusieurs années, les deux organisations communiquent de manière suivie sur les objets volés qui réapparaissent sur le marché mondial de l’art. INTERPOL participe notamment aux réunions du Comité intergouvernemental de l’UNESCO pour la promotion du retour de biens culturels à leur pays d’origine ou de leur restitution en cas d’appropriation illégale, qui ont lieu tous les deux ans. Les deux organisations coopèrent aussi, entre autres, pour former des spécialistes de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels dans de nombreux pays.

L’action de l’UNESCO dans le domaine de la lutte contre le trafic illicite des biens culturels s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention de 1970, dont elle est dépositaire. A ce jour, 100 Etats (dont l’Iraq et plusieurs pays clés sur le marché mondial de l’art) sont parties à cette Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels1.

De plus, dans le paragraphe 7 de sa Résolution 1483 du 22 mai 20032, le Conseil de sécurité des Nations Unies « décide que tous les États Membres doivent prendre les mesures voulues pour faciliter la restitution, en bon état, aux institutions iraquiennes des biens culturels iraquiens et des autres objets ayant une valeur archéologique, historique, culturelle, scientifique ou religieuse, qui ont été enlevés illégalement du Musée national iraquien, de la Bibliothèque nationale et d’autres sites en Iraq depuis l’adoption de la résolution 661 (1990) du 6 août 1990, notamment en frappant d’interdiction le commerce ou le transfert de ces objets et des objets dont il y a de bonnes raisons de croire qu’ils ont été enlevés illégalement et appelle l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, Interpol et autres organisations internationales compétentes à faciliter la mise en oeuvre du présent paragraphe ».

Source : UNESCO