Roman Bronfman, député du Meretz à la Knesset, revient dans Ha’aretz sur la détérioration de l’image d’Israël dans le monde. Il met en évidence que l’interprétation du gouvernement Sharon, qui y voit une preuve de la résurgence de l’antisémitisme, n’est qu’un artifice pour masquer sa responsabilité : aujourd’hui Israël fait peur, parce que la politique de Sharon fait peur.

Le sénateur démocrate John D. Rockfeller IV s’indigne dans le Washington Post des manœuvres de son collègue, le républicain Pat Roberts, pour empêcher la Commission sénatoriale du renseignement d’enquêter sur les erreurs de diagnostic à propos de l’Irak et l’usage politique qui en a été fait. Il est en effet notoire que, sous l’autorité du sous-secrétaire à la Défense, Douglas Feith, un Bureau des plans spéciaux a concocté une série d’intoxications visant à justifier l’attaque du pays. M. Feith, comme les responsables de ce bureau, étaient partisans de cette guerre pour des motifs liés à leur militantisme au sein de l’Organisation sioniste américaine (ZOA). Le blocage du sénateur Pat Roberts, soutenu en sous-main par le vice-président Dick Cheney, apparaît donc comme une tentative de protéger un groupe extrémiste au sein de l’administration Bush. Et l’initiative du sénateur John D. Rockfeller IV est une tentative de couper un des canaux reliant les administrations Bush et Sharon.

Le secrétaire d’État Colin L. Powell, en tournée en Europe, défend dans Le Monde la politique de son pays en Afghanistan et en Irak. Son argument est simple : certes la situation n’est pas brillante après les interventions militaires, mais elle était pire avant, ce qui donne raison a posteriori à Washington. Un raisonnement qui repose sur une diabolisation des régimes taliban et baasiste et évacue toutes les questions connexes sur les alternatives à la guerre et la légitimité des interventions. Powell conclu que le temps est venu d’associer plus étroitement la communauté internationale. Il tient là une posture difficile, dans la mesure où chacun sait qu’il était opposé à l’aventurisme unilatéral de Rumsfeld et que son appel à la communauté internationale est aujourd’hui une tentative désespérée de se débarrasser du fardeau irakien.
C’est ce que souligne dans le Washington Post l’ancien porte-parole de l’ONU à Bagdad, Salim Lone : en fait, il est trop tard pour jouer la carte des Nations unies. L’occupation a atteint un tel degré d’illégitimité en elle-même que le problème n’est plus de savoir qui s’en charge, mais quant elle prendra fin.

Du côté du département de la Défense, on se moque des états d’âme de Colin Powell. La mode est à « l’irakisation ». Ainsi Daniel Pipes explique dans le Jerusalem Post que les fantasmes démocratiques de Powell sont dépassés et qu’il n’y a qu’une seule solution aujourd’hui : installer un homme fort à Bagdad, qui soit moins dangereux pour ses voisins et moins cruel pour sa population que Saddam Hussein. Bref, établissons une dictature « à la botte de l’Amérique ».
Pour Ignacio Ramonet, directeur du Monde diplomatique, qui s’exprime dans El Periodico, les États-Unis sont bien dans une situation à la vietnamienne qui va leur coûter cher. Certes, rétorque dans le Wall Street Journal Claudia Rosett, collaboratrice de Richard Perle au Hudson Institute, mais souhaitons qu’on ne laisse pas pour autant tomber les Irakiens comme on a laissé tomber les Vietnamiens.

Enfin, Marc Brzezinski et Mario Nicolini notent dans l’International Herald Tribune que les États d’Europe centrale et orientale qui ont soutenu Washington dans l’affaire irakienne, au risque de se brouiller avec leurs partenaires de l’Union européenne, n’en ont pas été récompensés. Il est urgent de leur donner quelques miettes des contrats de reconstruction si l’on ne veut pas voir ces gouvernements discrédités face à leurs populations.