Question : En mars, une année passera depuis le moment du début de la frappe contre l’Irak. Peut-on dire maintenant que cette opération était une erreur ?

Réponse : Nous maintenons notre évaluation de la frappe contre l’Irak, qui n’a pas été sanctionnée par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Mais maintenant, il faut penser ensemble, comment sortir de cette situation. Comment résoudre le problème irakien en conformité avec les normes du droit international, comment garantir au peuple irakien une vie meilleure.

Le temps passé depuis mars dernier a aussi confirmé ce dont nous avons parlé à cette étape-là. Les considérations sur l’incapacité de l’ONU qui ne suffit plus à faire face aux défis et menaces modernes, les craintes du "krach de l’ONU" ont été exagérées. Comme la vie le montre, en fin de comptes, tout revient à l’ONU. Et actuellement, on y est en train de discuter le problème des conditions et des dates de la reprise du travail de l’ONU en Irak.

La Russie s’est prononcée pour ce que l’Organisation joue dans les processus du règlement dans ce pays le rôle leader, autonome, compte tenu de sa riche expérience dans le domaine de l’édification de la paix post-conflictuelle.

Question : La Russie s’est prononcée pour ce que les inspecteurs internationaux reprennent au plus vite leur travail en Irak, afin d’éclaircir le problème des AEM irakiennes. Est-ce que cela a un sens, car les inspections ne changeront pas la situation en Irak ?

Réponse : Cela a bien un sens. Primo : les mandats des inspecteurs de l’ONU, dont les tâches avaient été posées par le Conseil de Sécurité, n’ont pas été accomplis jusqu’au bout. La CCVINU continue de travailler et de présenter ses rapports au CS chaque trimestre. Une situation juridiquement et politiquement équivoque a lieu où, d’une part, les sanctions contre l’Irak sont levées, ces sanctions ayant été instaurées justement en liaison avec les armes de destruction massive, mais les organes qui s’occupent d’armes de destruction massive, continuent d’agir. Il faut mettre un point dans ce problème.

Secundo : l’Irak a vraiment travaillé à la mise au point d’armes d’extermination massive. Une partie de ces armes, peut-être toutes les armes, avait été détruite dans le temps soit par les irakiens, soit sous le contrôle des inspecteurs internationaux. Le problème est de savoir, si en Irak sont restées des composantes interdites à l’élaboration. La commission américaine David Clay a conclu à l’absence de ces indices. S’il en est ainsi, dans tous les cas il faut confirmer cette conclusion par les compétences des inspecteurs internationaux. Si l’Irak conserve toujours des armes interdites et leurs composantes, même peu nombreuses, il y a le risque qu’elles tombent entre les mains des terroristes, des extrémistes. Il faut éliminer cette possibilité.

Question : De combien de temps ont besoin les inspecteurs internationaux pour leur travail, pour éclaircir définitivement le problème des AEM irakiennes ?

Réponse : Ce délai peut être très bref. Mais je veux souligner une fois de plus qu’il ne s’agit pas tant du retour des inspecteurs internationaux en Irak que de leur permettre d’aller jusqu’au bout de leur mandat. Peut-être que pour cela, leur présence immédiate en Irak ne sera pas nécessaire.

L’essentiel est que toute trouvaille liée aux armes d’extermination massive ou à leur absence, soit certifiée par les structures internationales indépendantes.

Question : Quelle est, selon vous, la possibilité réelle de créer l’administration irakienne légitime pour le début de cet été ?

Réponse : Certes, on pourra créer un nouveau gouvernement en Irak. Le problème est du degré de sa légitimité, du degré de son soutien par la population irakienne et par la communauté internationale. C’est pourquoi il serait important que le processus de la formation de nouvelles structures du pouvoir en Irak se passe avec la participation active de l’ONU. Je veux souligner une fois de plus que l’ONU devra jouer un rôle autonome et avoir sa propre stratégie du règlement du problème irakien.

Question : Ne croyez-vous pas que le fait de reconnaître, devant le monde entier, le fait de l’absence des AEM en Irak aura des conséquences assez négatives ?

Réponse : Ce n’est pas impossible. Il ne faut pas oublier que lors du déploiement de la frappe, la majorité des pays du monde se prononÑxaient contre elle.

Question : Comment la Russie va-t-elle régler dans l’avenir problème de la dette irakienne ?

Réponse : Le problème de la dette irakienne a été dûment éclairci après la visite à Moscou du Président du Conseil de gouvernement provisoire de l’Irak et de sa rencontre avec le Président de la FR Vladimir Poutine. La Russie a confirmé sa bonne volonté de régler le problème de la dette irakienne en conformité avec les règles du Club de Paris, dont elle est membre. Cela suppose un allégement sensible du joug de la dette, mais, parallèlement, la confirmation par la partie irakienne de ses créances.

Ceci dit, selon les règles du Club de Paris, on peut parler aussi du report des paiements et de la restructuration, mais ce problème devra être réglé avec les autorités irakiennes, avec le Gouvernement légitime de ce pays.

Question : Ce n’est pas un secret qu’existe le problème du "marché noir" d’armes nucléaires. On parle du faible contrôle de la part des structures internationales de ce processus et de l’existence d’un réel danger que ces armes d’extermination massive tombent entre les mains des terroristes. Quelles mesures la Russie propose-t-elle de prendre pour s’y opposer ?

Réponse : Le danger de ce que les AEM tombent entre les mains des terroristes est une menace réelle. En a parlé dans son intervention à la 58e session de l’Assemblée Générale de l’ONU le Président de la FR Vladimir Poutine et les autres leaders. L’ONU comprend qu’il faut prendre des mesures qui excluraient que les AEM tombent entre les mains des terroristes, avant qu’il ne soit trop tard.

Il s’agit de la prise, par les états, des obligations supplémentaires qui excluent que les AEM tombent entre les mains de ce genre de structures extrémistes non étatiques. En principe, c’est ce qu’ils doivent toujours faire, mais dans les conditions actuelles, il faut étayer ces obligations. De notre point de vue, on peut le faire, en utilisant le prestige du Conseil de Sécurité de l’ONU.

On mène actuellement des consultations au CS de l’ONU sur ce problème, et j’espère que sous peu, on saura concerter la ligne commune qui vise l’élimination de cette menace. Il n’est pas exclu que l’on puisse adopter une résolution correspondante.

Question : Peut-être vaudrait-il mieux adopter la résolution qui garantisse à la Corée du Nord, d’une part, la sécurité, et, d’autre part, exige de Pyongyang d’observer les conditions qu’avance la communauté internationale pour régler le problème nucléaire nord-coréen ?

Réponse : Le caractère du soi-disant problème nucléaire nord-coréen est tel qu’il vaut mieux le régler au format actuel des négociations sextipartites. Il faut aboutir aux accords concertés entre les membres de ce processus sur tout l’ensemble des problèmes liés à la dénucléarisation de la péninsule Coréenne et à la garantie de la sécurité, et à la garantie des conditions pour le développement économique et la prospérité de tous les pays. Dans les conditions actuelles, le fait de poser ce problème devant le CS de l’ONU aiderait à peine son règlement.