Il ne faut pas être devin pour comprendre que les mollahs vont gagner la prochaine élection parlementaire en Iran vu les interdictions de candidature par le tout-puissant Conseil des Gardiens, les démissions en signe de protestation des parlementaires et l’appel au boycott des élections de certains partis d’opposition. Mais cette victoire est une victoire à la Pyrrhus et le régime sera plus vulnérable et moins légitime. Cela ne veut pas dire cependant que l’opposition officielle y gagnera car la population ne fait plus confiance à la faction de Khatami.
Les Iraniens se sont désintéressés de cette politique. Khatami et sa rhétorique pleine de citations de Voltaire et Tocqueville a permis le développement des relations commerciales avec l’Europe, mais pas d’améliorer les conditions de vie des Iraniens ou de faire respecter les Droits de l’homme. La mollahcratie est si dépréciée que moins de 10 % de l’électorat s’est déplacé pour les élections municipales de l’année dernière. Le fait que les candidats pro-Khatami puissent se présenter ou non a peu d’importance, comme l’a fait remarquer Richard Perle à 5000 Iraniens le mois dernier : quel que soit le résultat des élections en Iran, le pouvoir est aux mains de dictateurs auto-investis.
Il n’y a qu’un seul moyen de changer le régime : organiser un référendum populaire dont les résultats seront validés par l’ONU qui devra déterminer si le régime se maintient ou non. Cette mesure a été demandée par Maryam Radjavi et par 10 000 manifestants cet été, dont beaucoup ont été arrêtés et restent encore en prison selon Amnesty International. Malheureusement, l’administration Bush envoie des messages équivoques en direction de Téhéran et le département d’État demande des négociations avec les mollahs et a classé le Conseil national de la résistance d’Iran comme une organisation terroriste. Washington doit pourtant soutenir les vrais opposants au régime iranien.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« An Election Nobody Will Win », par Ali Safavi, New York Times, 18 février 2004.