Le bilan de Washington est globalement positif : Zalmay Khalilzad, ambassadeur spécial des États-Unis pour l’Afghanistan et l’Irak, se félicite dans l’International Herald Tribune des progrès accomplis en Afghanistan. Et appelle les participants à la prochaine Conférence de Berlin à se montrer généreux pour financer la poursuite de cette entreprise. On souhaiterait pour partager son optimisme s’assurer que le mouvement actuel de suicide de femmes en Afghanistan n’a pas l’ampleur qu’on lui prête et que la vie quotidienne s’est vraiment améliorée.
Tous les problèmes ne sont cependant pas réglés : Milton Bearden, ancien chef de poste de la CIA au Soudan, puis responsable des opérations secrètes en Afghanistan jusqu’à sa retraite en 1994, évalue l’intervention de l’armée pakistanaise dans la zone tribale. Dans l’International Herald Tribune, il rappelle qu’aucun envahisseur n’a jamais réussi à contrôler cette région, ce qui a profité à la CIA contre les Soviétiques, et que l’armée pakistanaise n’y parviendra pas non plus, ce qui profitera à Al Qaïda.
En Irak aussi, il faut être persévérant : Deux anciens ministres républicain et démocrate, James R. Schlessinger et Thomas R. Pickering, soulignent dans le Los Angeles Times la nécessaire continuité dans la guerre et la reconstruction de l’Irak. Ils appellent donc les deux candidats à la Maison-Blanche, George W. Bush et John Kerry, à prendre l’engagement de poursuivre les efforts accomplis pour qu’aucune incertitude ne vienne affaiblir la mission actuelle des GI’s. Ainsi se comporte la classe dirigeante états-unienne : elle conçoit le débat électoral comme un moyen de réaffirmer des convergences et non d’opposer des alternatives.
Et d’une manière générale, il faut faire plus contre le terrorisme : Pour lutter contre le terrorisme, Élisabeth Guigou propose dans Le Monde d’unifier les principaux services de renseignement français : Renseignements généraux (renseignement civil à caractère politique), Direction de la sécurité du territoire (contre-espionnage civil) et Direction générale de la sécurité extérieure (service de renseignement et d’action militaire). Le nouvel organisme travaillerait avec Europol qui deviendrait une véritable agence de coopération du renseignement européen, elle-même articulée à ses homologues états-uniens. Observons que cette proposition n’est rien d’autre qu’une méthode pour parvenir à l’objectif requis par Washington d’un Conseil européen de renseignement de Justice intégré à l’OTAN que Madame Guigou et quelques autres présentent à tort comme une CIA européenne. Observons également que Madame Guigou propose de repérer dans les pays musulmans les groupes jihadistes en formation et de les « neutraliser », non pas la voie militaire, mais par la coopération. En clair, les Européens, à la différence des États-uniens, ne s’ingéreraient pas dans ces pays, mais confieraient le sale boulot aux régimes locaux. Pour faire passer cette pilule amère, l’ancienne ministre socialiste ne manque pas de préconiser aussi un travail sur le long terme d’aide à la démocratisation et au développement.

Avec un art rafraîchissant de la logique, José Vidal-Beneyto s’appuie sur les thèses du moment pour battre en brèche les conclusions qu’on en tire habituellement. On admet communément qu’il convient de renforcer les mesures anti-terroristes en Europe après les attentats de Madrid ? Pas du tout, rétorque le philosophe dans Le Monde : l’Espagne est l’État qui s’est doté de la législation la plus dure en la matière. Les attentats de Madrid n’ont donc pas démontré que la défense européenne était insuffisante, mais que les législations d’exception ne fonctionnent pas. On les savait liberticides, on les découvre inutiles. De même, on admet communément que, pour en finir, il faut intensifier la guerre contre le terrorisme. Faux, poursuit le philosophe : l’ennemi n’a jamais été aussi fort depuis les guerres d’Afghanistan et d’Irak. Ce qu’il aurait fallu faire, ce n’est pas unifier les partisans de Ben Laden et de Saddam Hussein dans un même combat, mais au contraire les dresser les uns contre les autres.

Enfin, le fondamentaliste juif Dmitry Radyshevsky énonce dans le Jerusalem Post quelques conseils pour la communication israélienne. L’effet stigmatisant du terme occupation ne peut être contré qu’en utilisant un mot plus terrifiant encore, celui de génocide. Ainsi, lorsque l’État juif est mis en cause pour son occupation des territoires palestiniens, il faut répondre que c’est une mesure indispensable pour prévenir le génocide de ses citoyens. Il faut donc entretenir la confusion entre remise en cause du caractère exclusivement juif de l’État d’Israël et volonté d’extermination des juifs.