Contrairement à ce que ses conseillers font dire à Bush, l’insurrection en Irak n’est pas le fait de minorités antidémocratiques ou de ba’asistes. L’arrestation de Saddam Hussein a mobilisé tous ceux qui craignaient de se battre pour le dictateur. Les États-Unis se sont aliénés leurs alliés chiites en voulant s’attaquer à Moqtada Sadr.
Les États-Unis ont instauré des politiques ultra libérales, servilement relayées par le Conseil de gouvernement irakien, en affirmant que cela allait entraîner une démocratisation du pays alors que cela n’a fait que livrer le pays au pillage. Autrefois, sous la dictature, les marchés irakiens étaient remplis de produits locaux, mais aujourd’hui tout part vers le Koweït qui paye à prix d’or ces ressources. Cette situation a fait basculer le pays entier dans la résistance. C’est toutefois un mouvement qui est né dès le pillage des musées lié aux trafiquants d’art américains et à la mafia. Beaucoup des exilés irakiens recrutés par l’administration Bush étaient membres de mafias (comme c’est le cas avec les Cubains anti-castristes) et ce sont eux qui ont déboulonné la statue de Saddam Hussein. Aujourd’hui ils approvisionnent les soldats états-uniens en drogue dure en utilisant les enfants des rues. Ce sont ces enfants qu’Enfants du Monde prend en charge prioritairement et nous parvenons à conserver un centre à Bagdad malgré le rôle délétère des forces d’occupation et des gens d’Amhed Chalabi.
Même les Irakiens opposés à l’invasion pensaient que nous assisterions à une libéralisation du pays mais on assiste à sa coupe en règle. Les soldats états-uniens se croient au Far West. Dans la plupart des cas se sont de bons bougres, mais ils sont totalement dépassés par les évènements. Comme pour le 11 septembre, il faudrait enquêter sur les rétentions d’information.
Les chiites ne veulent pas de la démocratie, ils veulent la charia. Le Code de la famille irakien, le plus progressiste de tout le monde arabe, a été aboli ce qui a entraîné un recul de la condition féminine de dix siècles. Comme il les gênait, les États-Unis se sont attaqués à Moqtada Sadr en provoquant l’affrontement, mais ils ont mal choisi le moment alors que Faludja était en train de se soulever. Ils n’avaient cependant pas vraiment le choix car ils voulaient s’en débarrasser avant le 30 juin, date à laquelle ils veulent se tenir pour des raisons électorales. Aujourd’hui, pour sortir du merdier qu’ils ont créé, les États-Unis ont deux choix : créer une diversion en autorisant Israël à bombarder les centrales iraniennes ou utiliser la guerre civile en Irak.

Source
Le Courrier de Genève (Suisse)

« Les Américains ont multiplié les erreurs », par Subhi Toma, Le Courrier de Genève, Ce texte est adapté d’une interview.