Cet été, les propagandistes du parti démocrate ont mené une guerre contre ma campagne électorale et la possibilité que je me présente. Ce n’était pas suffisant que les deux grands partis utilisent la loi pour former des barrières contre les petits partis indépendants, une situation unique dans les démocraties occidentale. Aujourd’hui, ils jouent des mauvais tours pour m’empêcher, moi et mon colistier, de participer à l’élection,. Ces attaques sont menées par le National Progress Fund, une organisation officiellement indépendante et dont les fonds ne sont pas soumis à un contrôle légal. Elle est dirigée par l’ancien parlementaire démocrate Toby Moffett, aujourd’hui partenaire de l’entreprise de lobbying républicaine, le Livingston Group. Pour nous défendre, nous devons puiser dans nos coffres de campagne. Pourtant, le National Progress Fund s’est rendu avec 527 associations soi-disant indépendantes à la convention démocrate pour discuter des meilleurs moyens d’éliminer ma candidature. En outre, la présidente du parti démocrate dans le Maine a admis que le parti démocrate finançait des activités pour m’empêcher de me présenter.
Les liens des 527 organisations avec le parti démocrate ne les empêchent pas de chercher des financements venant d’entreprises ou de Républicains pour remettre en cause les signatures dans les pétitions e permettant de me présenter. Lundi, une cour de Pennsylvanie nous a refusé le droit de nous présenter dans cet État. Le cabinet qui nous attaqué était Reed Smith, un cabinet qui a donné principalement de l’argent aux Républicains, qui défend 29 des 30 plus grosses banques des États-Unis, 26 des 50 plus grandes entreprises, neuf des dix plus grosses compagnies pharmaceutiques. Un des avocats de cette firme a affirmé au New York Times que huit des dix avocats qui avaient traité le dossier l’avaient fait bénévolement. Le mélange des intérêts entre les deux grands partis et les grandes entreprises démontre que le duo politico-entrepreneurial veut limiter le choix des électeurs et restreindre leurs libertés.
J’ai contacté John Kerry pour me plaindre de ces méthodes et il m’a promis de les dénoncer, mais sept semaines plus tard il n’a toujours rien dit. J’ai également contacté Terry McAuliffe, le président du parti démocrate, mais lui assume son soutien à ces attaques et il m’a demandé de ne me présenter que dans les 31 États où le vainqueur est déjà connu.
Le parti démocrate n’utilise pas que des astuces légales, il menace mes collecteurs de signatures de prison au cas où il y aurait la moindre erreur dans la liste des signataires et appellent parfois les signataires pour leur demander de témoigner que leur signature a été obtenue par tromperie. Les lois électorales sont si complexes qu’elles excluent les petits partis qui font face à des cabinets d’avocats. Par exemple, un cabinet a fait annuler 1349 signatures que j’avais recueillies parce qu’il y avait une faute d’orthographe dans le nom du comté où habitait l’un des collecteurs de signatures, ou parce qu’un autre avait déménagé entre le moment de la collecte et celui du dépôt des signatures. En Virginie, on nous a refusé la possibilité de déposer les listes en affirmant qu’il était trop tard alors que nous sommes arrivés 25 minutes avant le terme ; il a fallu une décision de justice pour que nous ayons nos pétitions acceptées. Pour excuser ces actions, les démocrates affirment que nous recevons le soutien des républicains. Pourtant, ce parti a parfois participé à la campagne contre nous, et dans les trois ou quatre États où ils ont collecté les signatures pour nous, nous les avons refusées même si nous voulons convaincre ceux qui ont voté pour Bush en 2000 de voter pour nous.
Je préviens Kerry, s’il n’arrête pas ses manœuvres, il devra faire face à un mini-Watergate.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Parties to Injustice », par Ralph Nader, Washington Post, 4 septembre 2004.