L’ampleur de la participation russe à la guerre du Vietnam est exagérée. Il n’y a eu en tout que 6 000 spécialistes militaires soviétiques sur place. 13 sont morts là-bas, dont 3 ou 4 au combat. Au début, des éléments de deux bataillons de lanceurs de missiles anti-aériens sont partis pour former les Vietnamiens au maniement des C-75. Nos hommes ont combattu au moins au début. Les pilotes ne faisaient que de l’instruction. A partir de 1966, les spécialistes soviétiques ne s’occupaient que du matériel.
Nous sommes allés là-bas parce que les Vietnamiens construisaient le socialisme et qu’ils avaient demandé de l’aide à Moscou pour combattre les États-unis. Les Américains avaient remplacé les Français vaincus en 1954, ils savaient qu’il y a du pétrole, du charbon, du gaz et de l’or là-bas... Celui qui contrôle le Vietnam contrôle l’Asie du Sud-Est. Deux millions de soldats US sont allés au Vietnam, 57 000 ont été tués, beaucoup plus ont été blessés.
Pour l’opération « Linebacker 2 », les Américains ont utilisé les nouveaux avions F-111, l’aviation stratégique faisait environ trois vols par nuit, et l’aviation tactique travaillait de jour. Ils bombardaient par zones de 1 km de long et 150 m de large, après on ne retrouvait plus rien. Le duel a cependant été gagné par les artilleurs vietnamiens, ils ont abattu 81 avions dont 34 B-52. Les bataillons de lanceurs de missiles anti-aériens ont été décorés collectivement, on décore moins à titre individuel au Vietnam. Les premiers décorés parmi nous l’ont été pour avoir descendu des avions américains, les autres pour avoir formé des Vietnamiens, il suffisait d’un séjour pour recevoir une distinction. De nombreux manuels ont été revus en Russie après cette guerre, l’armée a beaucoup appris de cette expérience, les aviateurs par exemple ont tiré de nombreuses leçons des dégâts occasionnés aux appareils américains.

Source
Vremya Novostyey (Fédération de Russie)

« Награждать можно было за одно пребывание во Вьетнаме », par Anatoly Khiupenen, Vremya Novostyey, 29 avril 2005. Ce texte est adapté d’une interview.