Le 16 janvier 1999, 45 albanais du village de Racak sont massacrés par les Serbes. Le Général William WALKER, chef de mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qualifie cet acte de " crime contre l’humanité voire, de génocide ". Mme Louise ARBOUR, procureur du tribunal pénal international pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie se déplace pour enquêter. Les grandes puissances de l’OTAN se mobilisent derrière elle. Tout le monde est indigné avec raison. Un survivant du génocide de 1994 au Rwanda, de passage en France observe tout cela et lance sa question : " Un génocide en Afrique a-t-il la même valeur qu’un massacre en Europe ? "

Quand on observe de près, on constate effectivement que les massacres et le génocide commis au Rwanda ne suscitent guère d’indignation en Europe. La communauté internationale a mis du temps pour reconnaître ce génocide de plus d’un million de Tutsi. Plus personne ne se soucie de demander des comptes à Kabila pour le massacre des réfugiés Hutu en 1996 et des milliers de Tutsi tués par son armée, sur son ordre en 1998. A côté de Kabila, avec les mêmes visées génocidaires, une rébellion hutu ensanglante le Rwanda et le Burundi. Dans ces pays, les tueurs hutu sèment la terreur au quotidien. Les gens ne dorment plus chez eux et on les poursuit même dans leurs camps de déplacés. La communauté internationale ne se préoccupe plus de cette situation des Grands lacs. Ce n’est ni le Kosovo, ni la Tchétchénie, et pourtant les massacres quotidiens dépassent de loin les malheureuses victimes de Racak.

Se pose la question des sources d’armement de ces génocidaires. Une récente enquête des Nations Unies révèle le commerce de la drogue comme moyen de financement des actes de rébellion hutu. Mais bien des observateurs avaient auparavant épinglé des lobbies occidentaux comme fournisseurs d’armes à ces ultras. C’est une hypothèse crédible quand on sait les soutiens dont bénéficient certains criminels rwandais en Europe. Deux anciens dignitaires impliqués dans le génocide de 1994 et recherchés par la justice rwandaise sont dernièrement arrivés en Europe : Maurice NTAHOBALI, ancien recteur de l’université et coordonnateur du génocide à Butare vit à Bruxelles. Sa femme, Pauline NYIRAMASUHUKO et son fils Shabani NTAHOBALI sont, quant à eux, à la prison du TPIR à Arusha. L’ancien préfet de Gikongoro et organisateur du génocide dans sa préfecture, Laurent BUCYIBARUTA vit en France depuis quelques temps. La liste n’est pas close.

Tous ces actes sont aussi indignes que le massacre du Kosovo. Ne pas les dénoncer de la même façon revient à consacrer la maudite thèse de l’inégalité des races, slogan des partisans du nazisme. Espérons que des hommes de droit useront de leur citoyenneté pour que tout crime soit condamné comme il est, sans distinction de race et de religion. Ce sera alors le triomphe de l’humanité. (J.D.B.)