L’ouvrage cité ci-dessus relate les conditions qui ont conduit au décès le 23 décembre 1995 de Edith et Patrick Vuarnet, la femme et le troisième fils du témoin, retrouvés morts dans la clairière du Puits-de-l’enfer, dans le Vercors, avec quatorze autres adeptes de la secte de l’Ordre du Temple Solaire.

* **

M. Vuarnet souligne qu’il a reçu, après la publication de son livre, de très nombreuses réactions positives (environ 1 200 lettres), notamment de personnes dont les proches avaient également échoué dans l’une ou l’autre secte.

Il estime quant à lui que les sectes enfreignent la liberté d’expression et qu’il convient de mettre en garde avant tout les jeunes.

Il fait observer que les sectes recrutent dans toutes les couches de la population, y compris les plus éle-vées, et qu’elles peuvent même influencer l’action des pouvoirs publics.

L’intervenant déplore à cet égard que les Témoins de Jéhovah soient dispensés du service militaire depuis quelques années en France.

Cette secte est très riche et peut se payer des procès très coûteux. Des problèmes sociaux de toutes natures (notamment le chômage consécutif à une automatisation croissante) et l’absence de valeurs morales poussent les gens à adhérer à une secte, où ils sont exploités par un gourou.

M. Vuarnet plaide en faveur de l’organisation d’une campagne d’information et de la constitution d’un organisme qui aiderait réellement les familles concernées.

Le phénomène doit faire l’objet d’une étude approfondie. La limite entre une conviction honorable et un comportement répréhensible doit être précisée.

Le témoin déplore à cet égard que l’église catholique protège souvent des sectes très dangereuses.

La justice française n’assume pas non plus ses responsabilités, ce qui irrite les adversaires des sectes. Ces derniers disposent toutefois de beaucoup moins de moyens financiers. A propos de ce qui lui est arrivé, M. Vuarnet précise que la secte n’a pas tenté de l’embrigader lui-même ou un de ses autres fils.

Son épouse n’a compris que trop tard que l’Ordre du Temple Solaire était bel et bien une secte. A cette époque, il n’était plus possible de la raisonner à ce sujet.

Même lorsque deux journalistes ont informé M. Vuarnet en 1994 - après que les premières victimes furent tombées à Cheiry et à Granges-sur-Salvan - de ce que son épouse et leur fils Patrick étaient membres de cette association, celle-ci a conti-nué à nier le caractère sectaire de ladite association.

Elle était devenue une tout autre personne, qui utilisait son propre langage et sa propre logique. Un fossé s’était creusé entre elle et le reste de la famille.

Elle adhéra à la secte après quelques conférences d’ailleurs très intéressantes (sur l’homéopathie, l’alimentation naturelle, les médecines douces) et assista très irrégulièrement à des réunions qui étaient organisées, sous la direction d’un kinésithérapeute, dans l’appartement d’un des intéressés.

Contrairement à d’autres personnes, elle n’a pas déboursé un franc. Elle avait toutefois un habit de cérémonie (un manteau). Un des membres de la secte était agent de police. Son arme a été utilisée lors des " suicides ". Cet homme a habité pendant un mois dans un studio appartenant au témoin.

L’instruction du juge Fontaine a fait clairement apparaître qu’il ne s’agissait pas d’un suicide collectif volontaire. On a en tout cas recouru à la violence contre la compagne du fils cadet de M. Vuarnet (sa mâchoire était fracturée).

M. Vuarnet est convaincu que tous les membres de la secte ne sont pas morts. Il continue de suivre de près l’évolution de cette procédure judiciaire (notamment à l’encontre de M. Tabachnik).


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be