Le Toit du monde n’est plus ce qu’il était. Après l’alcool, la prostitution et les machines à sous, la "Région autonome du Tibet", mise en place par Pékin en l965, connaît maintenant les joies des "paradis artificiels" : haschisch en provenance du Turkestan oriental (Xinjiang) ; opium et héroïne venant de Birmanie, via le Yunnan. Les occupants chinois - fonctionnaires, policiers, paysans soldats qui cultivent des terres pour se nourrir, en attendant d’être envoyés dans un autre recoin du pays - apportent avec eux les sous-produits de la modernité. Dans cette province considérée comme une sorte de "Désert des Tartares" où tout Chinois redoute d’être exilé, Lhassa a été transformé en "petit Bangkok". Reliée par la route au Népal et à l’Inde vers le sud, au Xinjiang et, de là, aux républiques d’Asie centrale de la CEI au nord, la capitale tibétaine pourrait devenir bientôt un centre de transit intéressant sur cette nouvelle "Route de la soie". Si la consommation des drogues semble, pour l’instant, limitée à la seule population chinoise, il est à craindre cependant qu’elle ne touche dans le futur la jeunesse tibétaine, déjà marginalisée par un apartheid version chinoise qui lui ôte toute perspective d’avenir (correspondance du Tibet).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 20