La Corse compte 360 communes, ce qui représente 1 % du nombre total des communes de France.

Etant donné la population de l’île, ces communes sont évidemment de petite taille : 304 (soit 84%) comptent moins de 700 habitants, 31 (soit 9%) comptent entre 700 et 2.000 habitants, 21 (soit 6%) entre 2.000 et 5.000 habitants, 2 (Corte et Porto-Vecchio) entre 5.000 et 10.000 habitants et 2 (Ajaccio et Bastia) plus de 10.000 habitants.

Cet émiettement communal peut se retrouver dans d’autres départements ruraux du continent. Mais en Corse, il apparaît qu’il n’est pas compensé par un développement satisfaisant de la coopération intercommunale.

S’agissant des groupements sans fiscalité propre (syndicats à vocation unique, syndicats à vocation multiple et syndicats mixtes), leur nombre ne s’élevait qu’à 122 en 1996 (dernière année connue), dont 71 syndicats à vocation unique. Il apparaît que toutes les communes de Corse appartiennent au moins à un de ces groupements et à plus de 3 en moyenne. La moyenne nationale est plus élevée puisqu’elle dépasse 5.

Le retard de la coopération intercommunale concerne cependant surtout les groupements dotés d’une fiscalité propre (districts ou communautés de communes). Ils ne sont qu’au nombre de 8 au 1er janvier 1998 (6 communautés de communes et 2 districts). Ce nombre n’a augmenté que faiblement au cours des dernières années. Au district de Bastia créé en 1966, se sont ajoutés un second district en Corse-du-Sud en 1991, deux communautés de communes en 1992, une troisième en 1993 puis une chaque année depuis 1994.

Ces 8 groupements rassemblent 63 communes (soit 17,5% des communes de l’île) et 69.110 habitants (soit 27,7% de la population). Si l’on excepte le district de Bastia qui regroupe à lui seul 5 communes et près de 50.000 habitants, les 7 autres regroupements ne comptent que 19.265 habitants, ce qui illustre leur faible taille :

* deux atteignent presque 5.000 habitants : district de l’Alta Rocca (12 communes, 4.909 habitants) et communauté de communes du Cap Corse (15 communes, 4.850 habitants),

* une seule communauté de communes dépasse 3.000 habitants : celle de Fium’Orbu (4 communes, 3.424 habitants),

* deux dépassent 2.000 habitants : celle de Moriani Tavagna (5 communes, 2.699 habitants) et celle du Taravu (9 communes, 2.192 habitants),

* les deux dernières dépassent 1.000 habitants : celle des deux Sorru (8 communes, 1.667 habitants) et celle de la haute vallée de la Gravona (5 communes, 1.341 habitants).

Le faible nombre de groupements et la faible ampleur de ceux-ci témoignent donc d’une faible propension à la coopération de la part des élus communaux de l’île. De plus, le fonctionnement des structures communales apparaît difficile. Il n’est pas rare de constater dans les avis ou les lettres d’observation de la Chambre régionale des comptes que les communes ne versent qu’avec retard leurs cotisations, qu’elles continuent parfois d’intervenir dans des domaines qu’elles ont pourtant transférés au groupement auquel elles adhèrent271.

Cette réticence vis-à-vis de la coopération intercommunale distingue la Corse des autres régions françaises. En ne considérant que les groupements à fiscalité propre et la part des communes et de la population qu’ils regroupent, il apparaît que la Corse est restée à l’écart du développement de la coopération intercommunale observé depuis 1993.

Comme l’indique le tableau ci-dessus, si elle était à la traîne en 1993, la Corse l’était en compagnie de nombreuses autres régions et restait proche de la moyenne nationale. Parce que la coopération intercommunale a peu progressé en Corse depuis lors, celle-ci a été rattrapée par les régions les plus en retard ou distancée par les régions qui étaient déjà en avance. Elle a donc décroché de la moyenne nationale : la part de la population regroupée n’est, en 1998, que la moitié de la moyenne nationale (27,7% au lieu de 57,5%) alors qu’elle n’était que légèrement inférieure à celle-ci en 1993 (23,9% au lieu de 27,4%).


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr