Confrontée à une importante grève des dockers, le ministre des Transports israélien a décidé, mardi 30 septembre 2003, de prendre des mesures inédites afin de contrer le mouvement en utilisant des ports égyptiens et jordaniens. Les sites de remplacement choisis sont Port Saïd, en Égypte, Rafah, au sud de la bande de Gaza, Nitzana, dans le désert du Neguev, et Aqaba, en Jordanie.
Cette décision intervient après qu’Amir Peretz, le président d’Histadrut, l’un des principaux syndicats en Israël, eût tenté d’arranger une négociation d’urgence avec le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, en vue de mettre un terme aux grèves dans les zones portuaires et les aéroports. Ariel Sharon a déclaré qu’il était aisé de voir que la grève des dockers était une manœuvre politique visant à parasiter l’action du gouvernement, alors qu’aucun licenciement n’est prévu dans ce secteur et que 400 embauches sont même prévues. Les grévistes protestent contre le projet de privatisation de l’activité portuaire qui, en introduisant la compétition dans ce secteur, pourrait aboutir à une réduction des effectifs.
La représentante du Likoud, Ruhama Avraham, a déclaré à Amir Pertetz que si la grève ne s’arrête pas dans les ports, elle proposera une loi interdisant aux travailleurs des secteurs essentiels - tels que les ports, l’électricité et l’eau - de faire grève.
Les douaniers ont eux aussi entamé un mouvement de grève du zêle, retardant les passagers en réalisant des contrôles de sécurité extrêmement minutieux. Le président du Shinui, parti politique israélien, Reshef Chayne, a demandé au Procureur général, Elyakim Rubinstein, s’il n’était pas possible d’interdire aux travailleurs des douanes de détourner l’autorité qui leur est conférée par l’État pour s’en servir contre le gouvernement sous la forme d’une grêve du zêle.
Lundi 29 septembre, cinquante mille fonctionnaires ont décrété une grève illimitée. Le ministère des Finances a répliqué en indiquant qu’il se tournait vers les tribunaux afin d’obtenir des injonctions de retour au travail pour les employés des secteurs stratégiques, ce qui concerne notamment les douaniers. Les fonctionnaires qui se contentent de venir au travail mais refusent ensuite de recevoir les usagers pourraient également se voir intimer l’ordre de rester chez eux, ce qui permettrait à l’État de leur retenir les jours non travaillés.
Au niveau des négociations avec les dockers, les officiels du Trésor ont menacé lundi 29, si les dockers se mettaient en grève, de « procéder immédiatement à la privatisation complète des ports »

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Israel to use Egypt, Jordan ports to bypass strike », par Haim Bior, Zohar Blumenkrantz et Moti Bassok, Ha’aretz, 30 septembre 2003.