L’armée israélienne a mené, de vendredi 10 octobre 2003 au dimanche 12, une importante opération militaire contre la ville de Rafah et le camp de réfugiés de Yibna, tout près de la frontière égyptienne, faisant huit morts et 80 blessés du côté palestinien. Cette attaque, qui visait officiellement à détruire les tunnels reliant les sites à l’Égypte, et à empêcher ainsi un approvisionnement en armes des territoires occupés, a abouti à la destruction de 120 maisons, et en a rendu inhabitable 70 autres. Des rues ont été détruites, de même que certaines infrastructures, telles que les réseaux et les générateurs électriques. Les Palestiniens témoins de la scène ont décrit, auprès de Dar Al Hayat, un scénario de lendemain de tremblement de terre. L’Autorité palestinienne a elle qualifié l’agression d’acte d’« extermination raciale » contre les Palestiniens.
Des sources militaires israéliennes ont complaisamment confié à Ha’aretz que des rapports des services de renseignement israéliens faisaient état d’un arrivage massif d’armement par ces fameux tunnels, en provenance d’Égypte, qui pourraient donner aux Palestiniens un avantage stratégique dans la guerre qui l’oppose depuis trois ans à Israël. Les rapports faisaient apparemment état de missiles sol-air Stinger, manipulables à l’épaule et capables de détruire des hélicoptères souvent utilisées par Tsahal dans la bande de Gaza.
Samedi 11 octobre, l’armée israélienne a déclaré avoir localisé et détruit trois de ces tunnels, avant de mettre en garde contre une poursuite de l’opération, si les tunnels continuaient à être utilisés.
D’après ces mêmes sources militaires, l’armée israélienne s’est retrouvée confrontée à une importante résistance, dans son opération à Rafah, et a même été surprise par l’étendue de la puissance de feu des résistants, avec entre autres l’usage de centaines de bombes, de grenades et de missiles anti-char contre l’avancée de Tsahal.
Kofi Annan a condamné l’offensive dès vendredi, indiquant que l’usage par Israël « d’un recours à la force disproportionné dans des zones densément peuplées n’est pas compatible avec le droit humanitaire interantional ». Il a donc appelé les deux camps à « prendre toutes les mesures afin d’éviter de causer des dommages aux populations civiles innocentes ».
D’après Peter Hansen, qui dirige l’agence onusienne consacrée aux réfugiés palestiniens, « plusieurs maisons ont été complètement détruites », et près de 2000 Palestiniens se retrouveraient sans domicile.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
Dar Al-Hayat (Royaume-Uni)
Dar al Hayatest un quotidien arabe de politique international, basé au Royaume-Uni. Tirant à 110 000 exemplaires, ce journal mêle des articles purement informatifs et un grand nombre d’analyses et d’éditoriaux écrits par des intellectuels du monde arabe. L’une des figures les plus éminentes de la rédaction est Jihad Al Khazen, figure détestée des éditorialistes néo-conservateurs états-uniens. Libanais à l’origine, il a été racheté en 1990 par le prince et maréchal saoudien Khaled ibn Sultan.

« Difficult Birth Of Emergency Government », par Fathi Sabbah, Dar Al-Hayat, 13 octobre 2003. « UN official : 2,000 Palestinians made homeless by Rafah raid », par Amos Harel, Ha’aretz, 13 octobre 2003.