G. Bush : Merci à tous d’être venu. J’ai l’honneur de saluer mon ami Vladimir Poutine à Camp David. Le Président Poutine a déjà été chez nous à la Maison-Blanche et à Crawford, et maintenant, j’ai l’honneur de le saluer ici. Je suis très reconnaissant pour un excellent dialogue qui a été tenu entre nous tant hier soir qu’aujourd’hui. Au cours de plusieurs décennies, les dirigeants de nos deux pays se sont rencontrés sans discuter les problèmes des missiles, des ogives, puisque le seul point commun qui existait entre eux était le désir de prévenir le conflit catastrophique. Ces dernières années, les Etats-Unis et la Russie ont obtenu un immense progrès dans la création de nouvelles relations, aujourd’hui, elles sont encore plus profondes et larges. La Russie et les USA sont aujourd’hui alliés dans la guerre contre la terreur.

Nos deux pays ont souffert des terroristes, et nos gouvernements déploient maintenant des mesures pour le stopper. La terreur n’a aucune indulgence ni explication. Il est impardonnable. Les terroristes doivent être bloqués là où ils sèment chaos et destruction, y compris la Tchétchénie. Et le meilleur règlement de ce problème serait d’exiger l’arrêt de la terreur, le respect des droits de l’homme, de punir ceux qui perpètrent des attentats terroristes et atteignent au règlement politique et aux élections libres et ouvertes. Le président Poutine et moi avons parlé de l’extension de notre coopération tant pour l’Irak que pour l’Afghanistan. Nous avons parlé de ce que l’Amérique et la Russie, et le monde entier en général, recevront beaucoup de positif de notre travail en faveur de la stabilité et des libertés dans tous ces États. Puisque les États stables et libres ne stimulent pas les assassinats idéologiques et ne menacent pas les gens des autres pays.

Je suis revigoré par le fait que le Président Poutine et son gouvernement continuent de travailler dans ces buts. Et notamment - la liberté et la paix. Le Président Poutine et moi avons aussi parlé qu’il fallait étendre la coopération entre les militaires américains et russes.

Nous entendons tous les deux travailler dans le sens de la consolidation de nos capacités de lutter contre le terrorisme, établir la paix dans les régions qui connaissent des troubles et arrêter la prolifération des moyens de destruction massive. Nous appelons instamment la Corée du Nord à arrêter entièrement, ouvertement et irréversiblement ses programmes de développement d’armes nucléaires. Nous appelons aussi instamment l’Iran à s’acquitter entièrement de toutes ses obligations, prises dans le cadre du Traité de la non-prolifération nucléaire.

Nous recherchons le renforcement de notre coopération dans le domaine de la défense antimissile, puisque nos deux pays sont menacés par des régimes bandits, qui cherchent à développer ce genre d’armes mortelles.

Nous appelons tous les deux à l’extension des relations économiques entre nos deux pays. Nous allons travailler dans le domaine du renforcement de nos liens dans le secteur énergétique. Nous comprenons que la levée des barrières dans le commerce et les investissements réciproques nous aideront et profiteront à nos deux pays. Les officiels américains et russes se rencontrent plus souvent et discutent un plus large diapason de problèmes d’affaires. Et les vieilles suspicions font maintenant place à une meilleure compréhension et au respect réciproque. Notre but est de porter les relations américano-russes à un niveau de partenariat bien plus élevé.

Je respecte la vision du Président Poutine de la voie que suit son pays, la Russie. Elle deviendra le pays où règnera la paix dans ses frontières et avec ses voisins, où prévaudra la démocratie, les libertés économiques et la primauté du droit. Et grâce à la vision du Président Poutine et son aspiration, je suis persuadé que nous aurons un partenariat puissant, solide. Et cela aidera les peuples de nos des deux pays comme la paix dans le monde entier en général.

Bienvenue, Monsieur le Président.

V.V.Poutine : Merci beaucoup. Mesdames, Messieurs !

Avant tout, je voudrais remercier cordialement le Président des Etats Unis d’Amérique Monsieur Bush pour son invitation. Notre hôte a créé depuis hier soir une atmosphère très favorable, décontractée, qui nous a permis de discuter d’une manière absolument franche, je dirais, ouverte, les problèmes les plus cuisants des relations entre les Etats-Unis et la Russie, d’aborder les problèmes clé modernes.

Les pourparlers d’aujourd’hui ont encore une fois confirmé - à la base de nos relations réside une claire compréhension de la responsabilité toute spéciale de la Russie et des Etats-Unis pour la garantie de la sécurité internationale et le renforcement de la stabilité internationale. Nous nous sommes encore une fois persuadés que notre partenariat n’est pas sujet à la conjoncture. Malgré toutes les difficultés que nous devons traverser, sont restés invariables l’esprit et les principes de base de notre coopération - la confiance, l’esprit d’ouverture, le respect des intérêts réciproques.

Nous tenons au niveau atteint des relations avec les Etats-Unis. Selon une tradition déjà établie, nous nous sommes concentrés avec le Président Bush sur les problèmes concrets.

Y compris la lutte contre la terreur, qui reste parmi les pistes prioritaires de la coopération. Je suis d’accord avec l’évaluation que vient de donner le Président des Etats-Unis. Dans ce domaine, la Russie et les Etats-Unis ne sont pas que de simples partenaires. Nous sommes alliés.

Nos départements mènent un dialogue franc et professionnel sur tout l’ensemble de la coopération dans ce domaine, y compris les tentatives des organisations terroristes de perpétrer de nouveaux attentats, d’avoir accès aux armes de destruction massive.

Nous avons aussi parlé aujourd’hui de l’application des stipulations du Traité sur la réduction des arsenaux stratégiques offensifs. Après la ratification du Traité, ses effets se développent, selon nos évaluations, avec succès. Nous allons continuer de contrôler le cours de ce travail.

La Russie et les Etats-Unis entendent continuer l’étroite interaction pour renforcer les régimes et mécanismes internationaux de non-prolifération. On a discuté en détail la situation autour des programmes nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord. Nous croyons qu’il est maintenant important de faire à l’Iran un signe clair, mais plein de respect, sur le besoin de continuer et d’étendre sa coopération avec l’AIEA.

Concernant le problème nord-coréen, nous croyons qu’actuellement, il faut, avant tout, débloquer le conflit autour de la péninsule Coréenne, créer une atmosphère favorable pour un dialogue constructif. Cela dit, la Russie croit que l’instauration du régime de la non-prolifération nucléaire devra être accompagnée par la réception par la République démocratique et populaire de Corée des garanties dans le domaine de sa sécurité. Nous entendons avec les Etats-Unis de continuer le travail en commun au règlement de ce problème.

Nous nous sommes arrêtés spécialement sur la situation autour de l’Irak. Nos pays, comme toute la communauté internationale, ont une tâche commune - obtenir ici une rapide normalisation de la situation. Nous voulons voir l’Irak un état libre, uni, démocratique. Nous croyons que pour résoudre des problèmes graves posés aujourd’hui devant le peuple de l’Irak, c’est le Conseil de gouvernement provisoire de l’Irak qui est appelé à jouer un rôle important, à côté du Représentant spécial du Secrétaire général. Nous avons parlé de la situation au Proche-Orient, et nous sommes persuadés : la mise en pratique consécutive de la "feuille de route" n’a pas aujourd’hui d’alternative raisonnable.

Une grande attention au cours des pourparlers a été prêtée à l’interaction russo-américaine dans le domaine des échanges commerciaux. Je veux rappeler qu’en six premiers mois de 2003, les échanges commerciaux russo-américains ont augmenté de plus d’un tiers. C’est un bon début pour l’avancement.

Un bon début dans le domaine de la coopération énergétique. L’interaction dans le domaine des technologies d’information et de communication, dans la conquête de l’espace s’améliore.

En conclusion, je voudrais dresser le bilan principal. Nous avons réussi à avancer sérieusement dans la formation des relations d’un partenariat réel, plein de respect, entre la Russie et les Etats-Unis.

Je voudrais remercier le Président des Etats Unis d’Amérique pour l’approche constructive, intéressée dans la discussion de tous les sujets que nous avons abordés aujourd’hui. Cette rencontre a été très utile.

Merci.

Question : Vous avez discuté Iran. Monsieur Bush, avez-vous reçu des promesses de la part de la Russie et du président Poutine à propos de ce qu’ils arrêteront de vendre leurs technologies à l’Iran ? Et pour Monsieur Poutine, question : avez-vous promis de livrer troupes et services d’affaires aux Américains en Irak ?

G. Bush : Nous partageons le but commun de ne pas laisser l’Iran développer les technologies nucléaires. Nous nous sommes entendus aussi qu’il faut coopérer ensemble pour chercher à persuader l’Iran de ne développer aucune ambition et de ne pas créer d’armes nucléaires. Il est important que nos deux parties se le rappèlent, et ce n’est pas dans nos intérêts réciproques. Le résultat le plus positif de notre conversation sur ce problème a été le fait que nous devons travailler ensemble et persuader l’Iran d’abandonner le développement de ce genre de programmes, et que nous devons coopérer avec d’autres pays. Du point de vue des Etats-Unis, je trouve que les résultats de notre conversation sont très satisfaisants.

V.V.Poutine : Nous avons vraiment prêté à cela beaucoup d’attention. Je veux souligner encore une fois : la Russie n’a ni envie ni projets de contribuer à la création en Iran d’armes d’extermination massive, d’armes nucléaires, ainsi que dans d’autres régions du monde. Nous appliquons strictement le Traité de la non-prolifération. C’est la zone des intérêts nationaux de la Russie. Concernant le travail conjoint, nous en avons parlé et nous sommes entendus de la manière à construire ce travail de façon efficace. Concernant notre possible participation au rétablissement de l’Irak et à la normalisation de la situation dans ce pays, la Russie est intéressée à ce que cela ait lieu au plus vite. Cependant, nous comprenons que ce processus est compliqué et doit se baser sur une solide base juridique, administrative et doit évoluer progressivement. La Russie va définir le degré, le niveau de sa participation au rétablissement de l’Irak après qu’il deviendra clair, quels seront les paramètres de la future résolution possible du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Question de l’Interfax : On dit souvent que les relations russo-américaines ont néanmoins un caractère déclaratif. Avez-vous chargé vos gouvernements de quelque chose de concret, ce dont vous avez parlé dans le communiqué ?

G. Bush : Oui.

Question à G.Bush. La pratique de visas, appliquée par vos ambassades à l’étranger, y compris en Russie, à l’égard des citoyens désireux de partir pour les USA, n’ajoute pas de sympathie de ces citoyens au pays qu’ils veulent visiter. Et même les journalistes qui accompagnent Monsieur Poutine dans cette visite, ont dû passer une interview à l’ambassade. Y aura-t-il des changements dans cette pratique de visas ? Et une seconde question. Est-ce que, pour avoir posé cette question, je n’aurai pas de visa pour les USA la prochaine fois ?

G. Bush : Non. Le Président Poutine a abordé le problème de visas. Il a dit que c’était un processus lourd, que cela ne contribuait pas aux libres déplacements des hommes d’affaires et des journalistes qui veulent venir en Amérique. Nous ne voulons pas freiner l’arrivée des adultes raisonnables, normaux. Mais cela a, bien sûr, eu lieu après le 11 septembre 2001.On a apporté des corrections et changements, mais nous nous efforçons, nous travaillons à ce que ce régime soit efficace et utile pour tous.

Et pour la première question. Oui, nous avons toute une liste de problèmes. Une chose est d’arrêter la vision de nos relations, mais elles doivent avoir des conséquences pratiques. Nous devons charger tous les chefs des divers départements et ministères d’élaborer des plans d’actions.

V.V.Poutine : A propos du caractère déclaratif des relations entre les Etats-Unis et la Russie. D’où, je crois, comme on dit en Russie, "poussent" les problèmes de pareil genre. Tout cela se passe, parce qu’on attend constamment de nous des révolutions. Un simple développement positif des relations est déjà insuffisant. Je veux attirer votre attention à ce que, grâce au rapprochement des Etats-Unis et de la Russie, on a réussi à créer la situation de confiance et de stabilité stratégique dans le monde. Cela a eu un résultat absolument pratique dans les domaines comme la lutte contre le terrorisme. Je ne l’ai jamais dit publiquement, je dirai aujourd’hui. Quand a commencé l’opération antiterroriste en Afghanistan, par différents canaux nous avons été contactés par des gens qui allaient s’opposer et s’opposaient aux Etats-Unis en Afghanistan. Et si le Président Bush et moi n’avions pas établi les relations appropriées, on ne sait comment allaient évoluer les événements en Afghanistan même. Vous connaissez la position prise par la Russie, et je peux vous assurer que cela a profité aux résultats que nous observons actuellement. Mais la situation, certes, est très grave.

Je viens de dire qu’en ces six derniers mois, les échanges commerciaux ont augmenté d’un tiers. Nous parlons de la politique pondérée de la Russie dans le domaine énergétique au monde. Nous menons avec les Etats-Unis tout au sommet un dialogue énergétique permanent. Il est maintenant difficile de dire, si ce dialogue et cette coopération n’avaient pas existé, quels auraient été les prix des sources de l’énergie aux Etats-Unis. Nous continuons la coopération dans les sphères délicates comme l’espace cosmique.A l’issue de la rencontre d’aujourd’hui, nous avons préparé toute une liste de problèmes concrets, qui a été distribuée dans les départements pour les faire avancer. C’est pourquoi notre coopération n’a pas un caractère déclaratif, mais absolument concret et pragmatique.

Question : Monsieur le Président, êtes-vous déçu qu’il n’y ait pas beaucoup de pays qui voudraient nous aider à rétablir l’Irak ?

G. Bush : Je suis très satisfait de la coopération qui a lieu actuellement. La coalition des pays qui travaille maintenant sur le territoire de l’Irak cherche à établir la stabilité et à progresser dans la cause du rétablissement de tout le pays. Je sais qu’il existe des pays qui disent qu’ils ne peuvent encore pas nous aider dans le rétablissement de l’Irak, puisque la résolution de l’ONU n’est pas encore préparée. Nous øuvrons actuellement bien à la préparation du texte de la nouvelle résolutions. Nous venons bien d’y travailler aujourd’hui. De plus, nous allons participer à la conférence des donneurs et essaierons de recevoir l’aide et le soutien de la part des autres pays. La liberté et la paix en Irak sont dans l’intérêt de toute la communauté internationale, de tous les pays épris de paix. Ce qui m’a intrigué dans la déclaration du Président Poutine : il a dit qu’il ne fallait pas admettre de vide de la force, cela pourrait être utilisé par les organisations terroristes qui vont empêcher les autres pays épris de paix. On pourrait y répondre par deux idées. La première, nous sommes tous pour que la paix soit établie en Irak en général. La seconde, qu’il y existe en plus le côté moral, c’est-à-dire que nous sommes intéressés à ne plus avoir ce qui avait été fait sous le régime précédent. Aucune tyrannie, aucun viol de femmes, aucune inhumation en masse et aucun endroit pour la torture des gens.

Question (ITAR-TASS) : On peut déjà constater que, malgré les différends entre les USA et la Russie sur l’Irak, cela n’a provoqué de détérioration des relations ni entre nos pays, ni entre vous personnellement. Comment peut-on l’expliquer ?

G. Bush : Par la confiance. Nous avons très franchement parlé à propos de l’Irak. Je comprends sa position. Il m’a compris. Mais grâce à la confiance réciproque entre nous, nous avons pu avancer et dépasser le désaccord que nous avions eu au début. Et encore, le fait qu’il m’en impose, que je l’aime bien. Un brave type, avec qui on peut bien passer le temps.

V.V.Poutine : Merci, George, pour ces mots chaleureux. Je veux confirmer tout ce qu’a dit le Président, et de lui renvoyer la balle. Je voudrais seulement ajouter. Je crois que ces problèmes étatiques et interpersonnels ne sont pas apparus pour deux raisons. Nous avons eu des différends concernant l’Irak quant aux moyens de régler le problème, mais nous avons eu aussi la compréhension commune de l’existence du problème. Et la seconde chose, la plus importante, - les intérêts fondamentaux des deux pays, ils sont bien plus solides que les événements que vous avez mentionnés. Et nous, dans notre activité, essayons précisément de nous guider sur ces intérêts stratégiques des deux États. Sans trop d’émotions ni ambitions.

Merci.