Pour commencer, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont aimablement résolu la crise ouverte par le Bureau des gouverneurs de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) à propos du nucléaire iranien. En acceptant la main tendue par les Européens, Téhéran a démontré sa bonne foi et éliminé l’argument principal évoqué Washington pour le menacer. En outre, Téhéran a renforcé la position des Européens par rapport aux États-Unis.

Ensuite, les mêmes Européens ont habilement modifié le projet de résolution examiné par l’Assemblée générale de l’ONU à propos du prétendu « mur de séparation ». Ils ont réussi à faire endosser leur initiative par toute l’Union européenne. Le texte définitif porte bien condamnation des attentats suicides et des diverses formes de violence. Il n’en condamne pas moins le « mur de séparation » comme contraire au droit international et exige l’arrêt immédiat de sa construction et la destruction de la partie déjà construite. Plus encore, il ordonne au secrétaire général de présenter périodiquement un rapport au Conseil de sécurité sur l’état d’avancement des travaux de destruction. Le texte a été adopté à une quasi-unanimité par acclamation. Outre Israël, les États-Unis, la Micronésie et les îles Marshall ont voté contre ; l’Australie s’est abstenue ; tandis que le Canada et le Pérou ont assorti leur vote positif de réserves.

L’Union européenne a convaincu les pays arabes de retirer leur projet de saisie de la Cour internationale de justice de La Haye pour ne pas hypothéquer la suite des négociations. À vrai dire cette saisie n’était plus nécessaire une fois que l’Assemblée générale avait adopté la résolution que les États-Unis avaient fait échouer au Conseil de sécurité.

Plus que jamais Washington et Tel Aviv se trouvent isolés, tandis que les Européens mènent le jeu. À cet égard, le revirement du Royaume-Uni doit être observé avec attention. Les signes se multiplient du découplage Blair-Bush, notamment l’implication britannique dans le projet d’état-major européen indépendant de l’OTAN. En définitive, seul le gouvernement de John Howard en Australie reste arrimé à l’aventurisme de George W. Bush.