Jihad Abu Znaid, un dirigeant du Fatah du camp de réfugié de Shuafat, au nord-est de Jérusalem, a rendu compte à Ha’aretz de la visite quotidienne de techniciens du ministère de la Défense dans les environs afin d’y délimiter le tracé du mur de séparation
Selon les informations recueillies par Ha’aretz, cette portion de la clôture sera réalisée l’année prochaine. Elle devrait « totalement changer la vie des 100 000 personnes qui travaillent à Jérusalem ». 70 % d’entre elles disposent en effet de cartes d’identité bleues qui les identifient comme des résidents de Jérusalem, bien qu’elles ne soient pas des citoyens israéliens.
Les concepteurs du mur ont surtout tenté de « tracer une ligne sinueuse sans logique urbaine, qui coupe les zones arabes et les camps de réfugiés du centre de leur vie qu’est Jérusalem. Une fois le mur construit, ils devront montrer leurs cartes d’identité à de nouveaux checkpoints afin d’accéder à la ville, et leur statut de résident de Jérusalem pourra être annulé de facto par une décision ultérieure du gouvernement israélien ».
Depuis trois ans, très peu de services municipaux, à l’exception de l’éducation, sont assurés dans ces zones mitoyennes peuplées d’Arabes. La plupart ne fera bientôt plus partie de la juridiction municipale de Jérusalem, comme Shuafat et Anata, tandis que de nouvelles terres devraient être annexées aux zones voisines juives afin de rester à l’intérieur des frontières de la ville, en prévision d’une croissance future. Les quartiers concernés sont ceux de Pisgat Ze’ev et Neveh Yaacov.
Cette portion de la clôture aura aussi la particularité de séparer le nord de la Cisjordanie du sud. Les populations palestiniennes tentent donc d’acheter des terrains dans les zones les plus proches de Jérusalem, afin d’être incorporées dans le tracé du mur de séparation.
Toujours à Jérusalem, un projet de construction de 400 appartements a commencé, dimanche 30 novembre 2003, dans une zone proche du quartier-général de l’ONU et du site proposé pour accueillir la future ambassade des États-Unis.
Le début des travaux, qui intervenait le jour même de l’arrivée dans la région de l’émissaire états-unien, William Burns, a été ralenti par une manifestation de membres de l’association israélienne Paix maintenant. Une vingtaine de manifestants ont tenté de bloquer les bulldozers avant d’être dispersés par la police au cours d’une intervention particulièrement musclée.
Le chef des négociateurs palestiniens, Saeb Erekat, a critiqué ce nouveau projet de construction : « Nous appelons le gouvernement israélien à cesser ces mesures prises sur le terrain et à opter pour des négociations sérieuses qui mettront un terme au cercle vicieux et mèneront à une solution à deux États », a-t-il déclaré. Les résidents d’un village proche du site ont déjà indiqué qu’une partie de la terre prévue pour la construction leur appartient, un point contesté par la ville et les promoteurs.
D’après le plan de paix proposé par l’ancien président états-unien, Bill Clinton, à Camp David, et le texte des accords de Genève, toutes les sections arabes de Jérusalem tomberaient sous contrôle palestinien.
Les territoires occupés deviennent tellement morcelés que le ministre des Infrastructures nationales israélien, Yosef Paritzky, et son homologue palestinien, Azzam Shawwa, ont dû signer, à Rome, un accord sur le partage de réseaux électriques entre Israël et l’Autorité palestinienne, qui ouvre la voie à la création d’une tutelle commune dans ce domaine.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
Jerusalem Post (Israël)

« Jerusalem’s borders are being redrawn », par Arnon Regular, Ha’aretz, 3 décembre 2003. « Construction begins on new east Jerusalem neighborhood », par Etgar Lefkovits, Jerusalem Post, 2 décembre 2003. « Israel helped arrange Cairo hudna talks », par Arnon Regular, Ha’aretz, 3 décembre 2003.