Le ministre de la Justice israélien, Yosef Lapid, a mis en garde le gouvernement, dimanche 4 janvier 2004, contre la menace de sanctions internationales semblables à celles que connut l’Afrique du Sud, si Israël ne modifie pas le tracé de la « clôture de sécurité ».
Ces déclarations ont suscité de vives réactions de la part du ministre de la Santé, Dan Naveh, qui a qualifié la proposition de modification du tracé de « dangereuse ». Selon lui, il s’agirait d’un cadeau fait aux ennemis d’Israël, désignant ainsi ceux qui ont déféré la question devant la Cour internationale de Justice (CIJ).
Dov Weisglass, le directeur de cabinet d’Ariel Sharon, a indiqué qu’une équipe interministérielle de juristes était en train d’élaborer la ligne de défense israélienne, et que ses recommandations seraient prochainement présentées aux principaux ministres du gouvernement. D’après des sources anonymes citées par Ha’aretz, Israël envisagerait purement et simplement d’informer la Cour qu’elle rejette son autorité sur cette question. D’autres arguments substantiels devraient néanmoins lui être présentés.
D’importants débats ont lieu au sein de l’administration israélienne pour savoir, au delà de la stratégie juridique, quelle position politique Tel Aviv doit adopter face à cette mise en accusation. Certains juristes ont conseillé de simplement récuser la légitimité de la Cour, tandis que d’autres ont suggéré de présenter des arguments de fond. Tous proposent d’aborder l’audience en fonction d’objectifs de relations publiques. D’après le secrétaire militaire du ministre de la Défense, le brigadier-général Mike Herzog, Israël a des arguments à faire valoir, et leur présentation pourrait être bénéfique à moyen terme pour le pays. Il a notamment cité comme exemple la coopération avec la Commission Mitchell, qui enquêtait sur les causes de l’éclatement de l’intifada.
Le représentant officiel d’Israël devant la cour - si Tel Aviv décide finalement d’en envoyer un - sera le professeur Daniel Bethlehem, de l’Université de Cambridge. Ce dernier est un expert en droit international, qui est apparu à de nombreuses reprises devant la CIJ. Il a conseillé le gouvernement israélien à plusieurs reprises, notamment lors de l’élaboration de sa position pour la Commission Mitchell. En 2002, il avait également conseillé au gouvernement israélien de bloquer la nomination d’une commission d’enquête internationale sur le massacre de Jénine, au cours de l’opération « Bouclier défensif ».
Les audiences devant la Cour devraient commencer le 23 février 2004.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
Jerusalem Post (Israël)

« Lapid : Fence recalls apartheid », par Herb Keinon, Jerusalem Post, 5 janvier 2004. « Israel to reject the Hague court’s authority on fence », par Aluf Benn, Ha’aretz, 5 janvier 2004.