Jacques Chirac a été violemment attaqué par le clergé musulman dans le monde entier pour son appel à l’interdiction du foulard islamique, ou hijab, dans les écoles publiques françaises, mesure qui a été présentée par certains comme une atteinte à la liberté individuelle et à l’islam. Mais ce débat en France a aussi eu le mérite d’ouvrir un débat partout dans le monde chez les musulmans. Nombre d’entre eux affirment désormais que le hijab n’est ni un symbole de l’islam, ni de la liberté.
Ainsi Gammel Bamma, le frère du fondateur des Frères musulmans, tout en affirmant qu’il s’opposait à la mesure française, a rappelé que le port du voile était le fruit d’une mauvaise interprétation du texte coranique. Le hijab n’est pas non plus un symbole de liberté pour les femmes et dans le monde, des millions d’entre elles sont contraintes, sous la menace, de le porter. Le hijab symbolise la croyance selon laquelle les relations entre hommes et femmes ne peuvent pas être innocentes et que c’est aux femmes de garantir leur moralité.
Sur cette base, beaucoup affirment que le port du voile est en réalité anti-islamique car les femmes forcées de le porter n’ont pas de mérite et ceux qui les forcent commettent un péché. Le Coran n’affirme pas que les femmes doivent être voilées et les fondamentalistes qui prétendent que l’absence de voile entraîne le désir chez les hommes et donc le péché devraient se souvenir que nul n’est responsable des péchés des autres.
Ironiquement, la loi laïque française a entraîné une réflexion des musulmans sur les fondements de leurs textes religieux. Ils ont redécouvert que l’orthodoxie musulmane n’a jamais exigée le port du voile.

Source
Christian Science Monitor (États-Unis)

« French tussle over Muslim head scarf is positive push for women’s rights », par Cheryl Benard, Christian Science Monitor, le 5 janvier 2004.