Le gouvernement israélien a décidé, dimanche 18 janvier 2004, d’étudier les portions déjà construites du mur de séparation pour trouver des moyens d’alléger le fardeau qu’il fait peser sur les villages palestiniens avoisinant. Il envisage de modifier le tracé des portions qui n’ont pas encore été construites, en accord avec la position que le gouvernement défendra devant la Haute Cour de justice.
Au cours de la réunion du cabinet restreint, le Premier ministre, Ariel Sharon, a évoqué cette modification de tracé, liée aux conséquences « bonnes et mauvaises » du mur : il a permis d’éviter avec succès des attaques terroristes, mais il reste « insatisfaisant quant au tort qu’il fait à la vie quotidienne des Palestiniens ».
Ariel Sharon a également cité l’« opinion délicate » sur le sujet émise par le Procureur général, Edna Arbel, qui a déclaré qu’elle aurait beaucoup de mal à défendre certains tronçons de la clôture devant la Haute Cour.
Le ministre de la Défense, Shaul Mofaz, s’oppose pour sa part à toute modification du tracé. « Je suis capable de défendre chaque centimètre du tracé actuel et de montrer pourquoi il est nécessaire pour protéger les citoyens d’Israël ». Il a affirmé par ailleurs être conscient des problèmes humanitaires créés par la clôture, et a annoncé la création d’une unité spéciale au sein du ministère de la Défense qui s’occupera spécifiquement de cette question.
D’après des sources du milieu de la Défense, citées anonymement par Ha’aretz, Ariel Sharon envisage simplement des modifications tactiques du tracé, en réponse aux pressions légales et politiques qui s’exercent sur lui, mais aucune « modification stratégique », qui placerait par exemple la clôture uniquement le long de la Ligne verte d’avant 1967.
Les discussions sur la position que doit tenir Israël devant la Cour Internationale de La Haye au sujet de la construction a fait l’objet d’un désaccord entre le ministre de la Justice, Yosef Lapid, d’une part, et Silvan Shalom et le directeur de cabinet d’Ariel Sharon, Dov Weisglass, d’autre part. Le ministre de la Justice souhaite en effet qu’Israël fasse valoir ses arguments afin de remporter la « bataille pour l’opinion publique internationale » que seront les audiences, quand ses deux contradicteurs se rangent derrière l’avis des juristes et veulent uniquement contester la légitimité de la Cour .
D’après ces sources, Israël aurait rejeté la troisième possibilité qui consistait à ne pas se rendre à l’audience.
Une étude du Jerusalem Institute for Israel Studies (JIIS) a fait état, du fait que la « clôture de sécurité » est « le changement le plus dramatique » à Jérusalem depuis la guerre des six jours, survenue en 1967. Selon cette étude, les 70 kilomètres de la clôture qui passent à la périphérie de la ville devraient occasionner une augmentation de la population arabe de la ville, qui souhaiterait rester du côté israélien du mur. « En tant que mesure fondamentale d’auto-défense, en réponse aux actes de terrorisme provenant de Cisjordanie, [ce mur] est justifié à tous les niveaux », indique le rapport.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
Jerusalem Post (Israël)

« PM admits fence harms Palestinians », par Aluf Benn et Gideon Alon, Ha’aretz, 19 janvier 2004. « Jerusalem barrier ’most dramatic change’ since 1967 », par Etgar Lefkovits, Jerusalem Post, 19 janvier 2004.