Le ministre australien des Affaires étrangères, Alexandre Downer, a prononcé un discours sur la lutte contre la prolifération nucléaire au Lowry Institute dont The Age reproduit un extrait. Selon lui, l’affaire Khan, au Pakistan, montre l’ampleur du danger de dissémination nucléaire qui pourrait même profiter à des groupes terroristes comme Al Qaïda. Il faut donc que le Conseil de sécurité clarifie au plus vite les règles. Mais à y réfléchir, cet argumentaire est bancal. Rien ne prouve que la dissémination que le Dr Khan a tout intérêt à présenter comme son initiative personnelle ait réellement échappé aux gouvernements de son pays. Quant à la manière d’arrêter la prolifération, elle a maintes fois été explicitée par l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) : mettre en place des traités internationaux associés à une dénucléarisation des grandes puissances. La solution d’Alexander Downer n’a d’autre but que de maintenir la supériorité militaire des États-Unis, dont il est un fidèle « messager », et d’empêcher l’émergence de puissances rivales comme indiqué dans les objectifs stratégiques de la doctrine Bush.
L’avocat pénaliste John Upton alerte les lecteurs du Guardian sur le développement d’un État totalitaire au Royaume-Uni. Il observe que les mesures liberticides mises en place par David Blunkett et le New Labour prolongent et aggravent la politique initiée par lady Thatcher. Cette évolution n’a donc rien à voir avec le clivage libéraux/sociaux-démocrates. Pas plus qu’elle ne renvoie à des questions nationales, puisqu’on observe le même phénomène aux États-Unis avec John Ashcroft ou en France avec le tandem Nicolas Sarkozy-Dominique Perben. Elle est par contre directement liée à une idéologie particulière, formulée outre-Atlantique, et importée en Europe par les réseaux d’influence états-uniens.
Voici une application de ce modèle. L’intellectuel italien Cesare Battisti, ancien membre des Brigades rouges accusé d’assassinats, a trouvé refuge en France sous François Mitterrand. Mais depuis le 11 septembre 2001, cédant à l’influence de John Ashcroft, l’Union européenne se dote d’un arsenal juridico-répressif anti-terroriste, dont l’efficacité est testée sur les anciens terroristes d’extrême gauche des années de plomb. Voici donc que, reniant sa parole, la France l’a arrêté. L’écrivain Daniel Pennac lui adresse une lettre ouverte dans Le Monde, où il s’indigne du retournement français, mais sans en percevoir les tenants internationaux.

Natan Sharansky, ministre de la Diaspora et de Jérusalem dans le gouvernement Sharon, dénonce une nouvelle fois l’antisémitisme qui se cache derrière l’antisionisme. Dans le Jerusalem Post, il établit trois critères pour le débusquer. Les critiques d’Israël sont acceptables si elles ne diabolisent pas l’État juif, s’appliquent identiquement aux autres États, et ne tentent pas de délégitimer son existence. On admettra sans difficulté les deux premiers critères, mais il conviendrait de préciser le troisième : peut-on reconnaître l’État d’Israël dans la définition qu’en a donnée l’ONU et donc refuser la définition ethnique qu’en formule l’administration Sharon ?
Les États-Unis aussi se sentent mal-aimés. C’est pour redorer leur image que le sous-secrétariat d’État à la Diplomatie publique a lancé le 15 février 2004 une chaîne par satellite à destination du monde arabe, Al-Houarra (« La libre »). En fait de liberté et d’indépendance, elle a choisi comme premier invité son patron, George W. Bush. Dans l’International Herald Tribune, Marwan Bishara, d’Abu Dhabi TV, observe que ce projet est voué à l’échec tant il est vrai que le medium l’emporte toujours sur le message et qu’en conséquence, un organe de propagande étranger ne peut espérer être crédible en délivrant des informations en contradiction avec la réalité quotidienne. Washington se trompe en pensant que les chaînes arabes créent l’anti-américanisme, c’est plutôt le contraire, elles le modèrent face aux réactions engendrées par la politique états-unienne dans la région.

Le médecin tchétchène Khassan Baiev rappelle dans le Washington Post les souffrances endurées par son peuple, déporté il y a soixante ans, jour pour jour, par Staline vers la Sibérie. Il plaide bien sûr pour son indépendance. Cependant, sa lecture de l’Histoire évacue des éléments de contexte : la déportation décidée par Staline n’a pas touché que les Tchétchènes et n’avait pas le sens colonial qu’il lui attribue. Géorgien, Staline a aussi déporté des populations géorgiennes.

Enfin, Shmuel Katz déplore dans le Jerusalem Post l’attitude de la Cour internationale de Justice qui, selon lui, s’appuie sur des textes de propagande palestiniens pour juger du « mur de séparation ». Pourtant la Cour ne s’appuie que sur des instruments internationaux définitifs, jamais comme il l’affirme sur des versions provisoires.