Même si quelques propagandistes persistent à défendre la thèse de la démission de plein gré du président Jean-Bertrand Aristide et de l’appel spontané par son successeur à l’aide militaire étrangère, la plupart des observateurs n’ont aucun doute sur la réalité du coup d’État. Mais il donne lieu à des interprétations différentes selon qu’ils s’en tiennent aux seules analyses historiques ou qu’ils intègrent des données immédiates.
Le professeur Jeffrey D. Sachs rappelle dans le Los Angeles Times qu’en 1991, déjà, les États-Unis renversèrent Aristide. À l’époque, Bush père était aux commandes, avec Dick Cheney, Colin Powell et Roger Noriega. Les mêmes sont de retour derrière Bush fils et ont rejoué leur politique.
Christiane Taubira, députée française de Guyane, rappelle dans Le Monde que l’île fut jadis un modèle où la déclaration des Droits de l’homme trouva sa première application complète. Aussi dénonce-t-elle le gâchis causé par le comportement cynique des grandes puissances, États-Unis et France.
Cependant, pour le moment, personne ne tire les conclusions de l’implication de Paris comme supplétif de Washington, et du reniement des beaux discours sur le droit international que cela suppose.

Les questions économiques sont abordées de manière bien différente selon que l’on se préoccupe de séduire les États-uniens ou de défendre ses intérêts nationaux.
Nursultan Nazarbayev, président du Kazakhstan, affirme dans leWashington Times -comme il le ferait dans un dépliant publicitaire- que son pays avance à très grande vitesse sur la voie de la libération économique et des droits de l’homme, tout en préservant sa stabilité.
À l’inverse, l’économiste progressiste Boris Kagarlitsky relève dans le Moscow Times la contradiction entre les bons résultats économiques de la Fédération de Russie et la crainte populaire d’une récession. Ce paradoxe lui paraît non dénué de fondement dans la mesure où, malgré la globalisation, les résultats de la Russie sont encore indépendants de ceux du reste du monde. La première mesure à prendre, selon lui, serait de repenser la politique monétaire : cesser de vendre les exportations en dollar faible et d’acheter les importations en euro fort.

L’ambassadeur états-unien à l’OTAN, Nicholas Burns, et son homologue norvégien, Kai Ede, se réjouissent dans l’International Herald Tribune d’un colloque préparatoire à une implication de l’Alliance dans la lutte contre le trafic des êtres humains. Il reste à démontrer qu’un pacte militaire puisse défendre autre chose que la raison d’État.
De ce point de vue, le témoignage d’Elizabeth Corrie est édifiant. Sa cousine, Rachel, a été tuée par l’armée israélienne alors qu’elle s’opposait à la destruction illégale d’une habitation palestinienne par Tsahal. Or, note-t-elle dans le même quotidien, les autorités de son pays, les États-Unis, n’ont conduit aucune enquête sur ce meurtre. Elles se montrent en tous points solidaires d’Israël et non de leurs ressortissants.

Enfin, toujours dans l’International Herald Tribune, Jean-Pierre Leng prend la défense de la KEDO, dont il est administrateur. Cette organisation lui paraît en mesure de garantir une issue honorable à la crise nord-coréenne. Car le problème est bien de garantir la paix en assurant l’approvisionnement énergétique du pays.