Dans les premières heures qui ont suivi les attentats je ne pouvais croire à ce que je voyais. Le 11 mars, j’avais le sentiment que cela devait être un attentat d’ETA car ETA tue toujours pendant les campagnes électorales et que ce groupe n’avait encore rien fait. Comme, en outre, il était au cœur du discours électoral ultra-nationaliste, à la limite du fascisme, du Parti populaire pour ces élections, cela semblait encore plus vraisemblable. ETA dans cette campagne était l’argument ultime du Parti populaire, ce qui servait également cette organisation. C’est pour cette raison que tout d’abord je n’ai pas cru les démentis de l’ETA, mais les accusations du ministre de l’intérieur.
Au fur et à mesure toutefois, il est devenu clair que le gouvernement faisait de la politique avec le sang et l’horreur. Lors des deux dernières années, j’ai passé un temps considérable à combattre ce gouvernement d’extrême droite en Espagne pour l’avenir de mon pays. C’est pour cela que j’ai écrit des messages dans la rue pour trouver la vérité sur ces attentats. C’est illégal, mais les mensonges d’État le sont tout autant.
Qui que soient les coupables, nous haïssons ETA et Al Qaïda de la même façon, comme nous haïssons tous les meurtriers. José-Maria Aznar va rentrer dans l’histoire comme le responsable de cet attentat, mais cela ne nous console pas. Face à un gouvernement qui l’a humiliée, utilisant le terrorisme comme arme électorale, l’Espagne a réagi fièrement.
« ’Making politics with horror and blood’ », par Almudena Grandes, The Guardian, 17 mars 2004.
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