Max Boot regrette dans le Los Angeles Times le traitement qui a été infligé aux prisonniers irakiens par les GI’s, mais relative ces abus. Ils ne sont pas grand-chose face à ceux, bien plus terribles, commis par les adversaires de l’Occident. D’où l’on doit conclure que la Convention de Genève ne sera jamais appliquée réciproquement entre Occidentaux rationnels et Orientaux qu’il s’abstient de qualifier explicitement. Ce raisonnement conduit l’auteur à ériger les nazis en parangons de vertu dans la mesure où ils traitaient correctement leurs prisonniers de guerre, signifiant a contrario que les Orientaux sont pires que les nazis. Une remarque qui s’appuie sur une méconnaissance historique et une confusion entre les prisonniers de guerre de la Wehrmacht et les prisonniers civils de la SS.

Dans la même veine, Thomas O’Connell, secrétaire adjoint à la Défense pour les opérations spéciales et les conflits de basse intensité, salue dans le Washington Times les réussites du gouvernement Uribe en Colombie. L’auteur ne précise pas si la sécurité a été ou non rétablie dans le pays, mais se félicite de l’omniprésence de la police et de l’armée. Il affirme que la population se réjouit de cette situation et que, selon les sondages, l’armée respecte plus les Droits de l’homme. Pour bien comprendre le point de vue éclairé du secrétaire O’Connell, il convient de se souvenir qu’il débuta sa carrière comme assassin dans le cadre du programme Phoenix en Asie du Sud-Est, puis développa ses compétences à la sinistre École des Amérique au Panama. Il est aujourd’hui chargé de la fusion des opérations spéciales et du renseignement au Pentagone. Il travaille en étroite liaison avec le général Boykin lequel s’était illustré en organisant l’assassinat de Pablo Escobar.

Daniel C. Twining du German Marshall Fund dénonce dans le Christian Science Monitor le nouvel empire de poche que se taille la Russie. Il accuse Moscou de fomenter des sécessions chez ses voisins et de n’accepter d’y mettre fin qu’en échange de l’installation de bases militaires permanentes. Il cite, à titre d’exemple, le séparatisme de la Transnitrie en Moldavie. Soulignons que, lors de son déplacement à Istanbul pour le sommet de l’OTAN, Donald Rumsfeld a fait une escale de trois heures en Moldavie. Cette halte n’était évidemment pas justifiée par l’envoi d’un contingent d’une cinquantaine de Moldaves en Irak, mais bien par la crise de Transnitrie. Deux jours plus tard, le sommet de l’OTAN adressait une déclaration à la Russie pour lui demander d’évacuer les 1400 hommes qu’elle stationne depuis plus de dix ans dans la province sécessionniste.

L’International Herald Tribune donne la parole à Mark Malloch Brown du PNUD et à David M. Malone et Kirsti Samuels de l’Académie internationale de la paix. Tous plaident pour que l’on donne du temps au temps. La reconstruction d’une nation ne peut se faire à la hâte puisqu’il faut à la fois se préoccuper de démocratiser les institutions et de développer l’économie. Il faut donc penser dans la durée et ne transférer le pouvoir que très progressivement. On retrouve là, sous une formulation contemporaine, le discours classique du colonialisme civilisateur qui prétend apporter une aide paternelle aux peuples-enfants qui ne sont jamais assez mûrs pour se débrouiller seuls.

Enfin, Noel Koch, qui rédigea pour Nixon le décret mettant fin à la conscription, préconise aujourd’hui dans le Washington Post son rétablissement. Il y voit trois avantages : résoudre la carence de personnel militaire, faciliter le brassage culturel intérieur, et responsabiliser la population face aux guerres. Cependant, la conscription a été abolie lorsque les États-Unis se sont désengagés d’Asie du Sud-Est, et ne sera rétablie que pour des nécessités militaires, même si on lui trouvera des vertus sociologiques et politiques.