La Commission d’enquête sur le 11 septembre n’a pas plus enquêté qu’elle n’a été indépendante. Les membres de la Commission n’ont pas enquêté sur la responsabilité de George W. Bush ou de Dick Cheney dans l’entrée en guerre des États-Unis sur la foi de fausses informations : les liens entre Al Qaïda et l’Irak. La Commission a certes démontré que ces liens n’existaient pas et Bush et Cheney ont contesté ces conclusions. Cheney a même parlé de preuves incontestables sans préciser de quoi il parlait. Toutefois, les membres de la Commission n’ont jamais demandé à Bush pourquoi il avait commencé à préparer la guerre contre l’Irak seulement dix semaines après le 11 septembre et n’ont nullement inquiété Cheney en dépit de ses efforts avérés pour tromper l’opinion publique états-unienne.
Les seules manipulations identifiées par la Commission sont celles de pays tiers, non cités, qui aurait trop facilement trompé la CIA. La Commission pensait sans doute aux rapports des services de renseignement iraniens et israéliens, mais elle ne relève pas que dans le cas des intoxications israéliennes c’est dans l’administration Bush qu’il faut chercher les relais de cette manipulation avec Paul Wolfowitz, Douglas J. Feith ou Scooter Libby. Aucun président n’est infaillible et tous peuvent commettre des erreurs d’appréciation, mais ici il s’agit de malhonnêteté.
Les rédacteurs du New York Times ont demandé les excuses du président, mais on pourrait avant toute chose attendre de la Commission d’enquête qu’elle fasse la lumière sur ce point. Pourtant, apparaissant ensemble sur les plateaux de télévision états-uniens, le membre de la Commission et démocrate Lee Hamilton a affirmé que la Commission avait choisi de ne pas jouer le jeu de la critique et le membre républicain Tom Kean a précisé que la Commission avait préféré se tourner vers l’avenir plutôt que sur le passé alors que son mandat était précisément de faire la lumière sur les évènements passés. En agissant comme elle l’a fait, la Commission a privé les citoyens états-uniens de leur droit de savoir quelle était la responsabilité de leurs gouvernants.

Source
Gulf News (Émirats arabes unis)
Gulf News est le principal quotidien consacré à l’ensemble du Golfe arabo-persique, diffusé à plus de 90 000 exemplaires. Rédigé à Dubaï en langue anglaise, il est principalement lu par la trés importante communauté étrangère vivant dans la région.

« Exposing the failure of responsibility », par Adel Safty, Gulf News, 16 août 2004.