Bruce George, président sortant de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE a prononcé un discours le mois dernier où il parlait du terrorisme. Selon lui, ce phénomène représentait une plus grande menace que la menace nucléaire durant la Guerre froide. À le croire, durant la Guerre froide, les cauchemars d’apocalypse nucléaire n’avaient pas lieu d’être et il ne fallait pas s’inquiéter de la crise des missiles de Cuba ou de l’hypothèse d’une guerre nucléaire circonscrite à l’Europe de Ronald Reagan car les adversaires dans ce conflit étaient rationnels.
George affirme aussi que l’objectif d’Al Qaïda est de « dominer le monde », c’était l’objectif que les plus enragé des guerriers froids prêtaient aux communistes. Les mesures de sécurité préconisées pendant la Guerre froide contre une attaque de missile sont aujourd’hui préconisées pour faire face à une attaque terroriste. La BBC diffuse un docu-drama sur l’explosion d’une bombe sale à Londres 20 ans après avoir diffusé l’équivalent sur les conséquences d’une attaque de missiles soviétiques. Durant la Guerre froide, la peur était passive, aujourd’hui elle s’accompagne de mesures de sécurité futiles comme de prendre le train au lieu de l’avion (c’était bien sûr avant les attentat de Madrid). D’après David Blunkett, nous devons craindre « des individus ou des groupes, britanniques sou non ». Avec une telle définition, tout est permis et la menace terroriste offre plus de pouvoirs à nos politiciens que la menace de la Guerre froide.
Pendant 20 ans, la Grande-Bretagne a été menacée par l’IRA, mais le discours n’était pas aussi apocalyptique. Là, on nous parle pour justifier cette différence de « superterrorisme ».

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Be afraid, be very afraid », par John Harris, The Guardian, 16 août 2004.