Le récent référendum au Venezuela a donné un aperçu de ce à quoi nous pourrions être confrontés aux États-Unis en novembre prochaine : une élection remise en cause par beaucoup d’électeurs y ayant participé. Le résultat du référendum vénézuélien est mis en doute en dépit de la présence d’observateur internationaux en raison du mode de scrutin : l’emploi de machines électroniques avec écran digital.
L’équipement utilisé au Venezuela édite un reçu qui peut être recompté par la suite, mais l’opposition vénézuélienne remet le système en cause et affirme qu’il a été programmé pour ne pas dépasser un certain nombre de « oui ». Cela souligne qu’un système démocratique ne peut vraiment fonctionner que quand les citoyens croient en sa validité Or, cette confiance s’est peut-être brisée aux États-Unis depuis la dernière élection présidentielle. La source de cette crise est, comme au Venezuela, la technologie utilisée pour le vote. En Floride, en novembre, les machines utilisées n’émettront même pas de bulletin de vérification et donc aucun moyen de vérifier les résultats alors que cet État a déjà connu une grave défaillance du système de vote électronique au moment des primaires démocrates pour le poste de gouverneur. Cela n’a pas prêté à conséquence car l’élection n’était pas serrée, mais imaginez ce qui se passerait si cela advenait lors d’une élection présidentielle serrée.
Cet incident aurait dû pousser à mettre au point un système de vérification, mais Jeb Bush a refusé en rappelant sa confiance dans le système de vote électronique. Il est bien le seul. Le problème se retrouve dans d’autres États. Le vote électronique est un problème, mais il n’est soumis à aucune réglementation fédérale, chaque État fait comme il le souhaite. En Californie, ou personne ne pense que le vote sera serré, on a rétabli le système de vérification, mais pas en Floride.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Democracy in distress », par Philip James, The Guardian, 20 août 2004.