Au Vietnam, entre 1962 et 1971, le Pentagone met en œuvre un « programme de déni d’accès à la nourriture » : il arrose les forêts et champs d’herbicide afin de détruire les réserves de la guérilla. Dès 1965, il y ajoute « l’agent orange » pour défolier les arbres et révéler les caches vietcongs. Plus de 60 millions de tonnes de ce dérivé ultra-toxique de la dioxine sont répandues. Les soldats US qui participent à l’opération se plaignent très vite de problèmes de santé, puis de cancers et de malformations chez leurs enfants. Ils mettront 20 ans à obtenir la reconnaissance du Pentagone et un dédommagement de 180 millions de dollars.
À Saigon, le 30 août 1969, la plantation d’hévéas Michelin est accidentellement touchée lors d’un épandage d’agent orange. La société française sera indemnisée à hauteur de 90 dollars par pied d’hévéa empoisonné. Quant à la population vietnamienne, elle souffre encore de la pollution chimique trois générations plus tard. Le taux de cancers et de naissances malformées a sextuplé dans les zones touchées. Mais Washington a pris soin, lors de la signature des accords de normalisation, d’ajouter une clause excluant toute demande d’indemnisation des victimes vietnamiennes.
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