Bien qu’Ariel Sharon ait réitéré son plan de retrait de Gaza, l’armée israélienne a mené la semaine dernière la plus meurtrière des attaques dans cette région depuis deux ans. De plus en plus de Palestiniens sont convaincus que le soutien d’Israël à un État palestinien n’est pas motivé par une volonté de réconciliation, mais par le désir de se séparer des non-juifs en leur prenant le maximum de ressources et de terres. Pour les Palestiniens, la stratégie des deux États pour Israël consiste à évacuer Gaza, mais à s’étendre en Cisjordanie où 400 000 Israéliens vivent déjà illégalement dans 150 colonies qui occupent souvent les points d’eau. Israël est en train de construire un Mur pour les rattacher au territoire israélien et annexer encore davantage de terrain.
Israël souhaite donner « l’indépendance » à un territoire privé d’eau et de terres arables qui sera dépendant économiquement de lui. Face à cette éventualité, les Palestiniens souscrivent de plus en plus à la solution d’un État unique où tous les citoyens seraient égaux. Il ne s’agit pas d’une idée extrémiste, mais de la reconnaissance d’une réalité : les deux populations sont mêlées, l’État fonctionne déjà comme un État unique, la seule différence est que les Palestiniens chrétiens et arabes n’ont pas les mêmes droits que les juifs, selon un système comparable à celui de l’Afrique du Sud.
Beaucoup d’Israéliens redoutent la perte du caractère juif de l’État, mais rien de tel n’arriverait, il y aurait simplement une reconnaissance de cette identité et des identités juives et chrétiennes. L’Afrique du Sud a montré que ce changement était possible.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Two Peoples, One State », par Michael Tarazi, New York Times, 4 octobre 2004.
« Two Peoples, One State », International Herald Tribune, 5 octobre 2004.