Robert Bonnaud, appelé en Algérie, participe le 25 octobre à une opération dans le massif des Némentchas. L’aviation bombarde les rebelles. Le lendemain vient l’ordre d’entreprendre le nettoyage. « Les blessés qui n’avaient pu fuir (…) furent massacrés, dans des conditions odieuses qui dépassent une imagination normale, mais non la réalité algérienne. Les cadres européens du G.M.P.R. (Groupe mobile de protection rurale), qui dirigeaient le nettoyage, se distinguèrent particulièrement. Ils s’acharnèrent à coups de pieds sur les blessures, et le malheureux suffoquait de douleur. Ils plaisantaient abominablement (...) , redoublaient de brutalité sous prétexte d’interrogatoire. Finalement, sortant le couteau de cuisine, ils l’aiguisaient longuement sur le roc, aux yeux du condamné. L’exécution était maladroite et lente, charcutait le cou et évitait la carotide. (...) Comble de précaution, une balle de Mas 36, à bout portant, écrabouillait le visage, le transformait en une chose immonde, qui n’a pas de nom dans le langage de l’horreur...  »
Source : Robert Bonnaud, « La paix des Némentchas », Esprit , avril 1957.