Dans la colonie du Massachusetts, le gouverneur Joseph Dudley se plaint d’un manque de motivation des Européens à « nettoyer le pays de la vermine indigène, sauvage et cruelle, impossibles à convertir à nos mœurs cultivées et chrétiennes, obstacle à l’industrie humaine ». Inspiré par les mesures prises en Angleterre pour lutter contre les chiens errants, il promulgue, le 8 novembre 1755, un décret instaurant une prime pour toute personne tuant un Indien. Afin de faciliter les choses, le scalp fera office de preuve. Les « guerriers mâles de plus de 14 ans » sont le mieux payés : 30 livres, c’est-à-dire le salaire d’une semaine d’un journalier. Mais le barème prévoit également des récompenses pour les femmes tuées et pour les enfants de moins de 12 ans. Vu la difficulté de scalper des nourrissons, la main gauche du bébé est à fournir à la place. Le capitaine Church, vétéran des guerres indiennes, accourt avec ses chiens et ses pisteurs. Il obtient que la mesure soit étendue aux colons Français puisqu’ils aident les Mohawks contre les Anglais. Trois ans plus tard, le gouverneur note satisfait que les villages indiens (soit près de 5 000 personnes) du Kennebec, d’Abenakis et de la région Mohawk ont été « nettoyés ».